Extrait du journal

-Ainsi ont pensé les hommes qui se sont associés pour défendre les beautés naturelles de notre pays. Je voudrais les servir en faisant connaître à nos lecteurs leur organisation et en précisant le but qu'ils bnt donné à leurs communs efforts. Ce?, hommes, dont les noms sont presqne tous connus et aimés du public, son't des lettrés, des artistes, des critiquées d'art qui, sans exclusivisme, se sont adjoint les présidents des Sociétés existant déjà du Club Alpin, du TouTiiitg-CluJb, des Amis des Arbres, etc., etc. Lé grand poète M. Sully Prudhomme est le.; président d'honneur de ce groupement, qui a fait appel à tous ceux qui arment la nature et, par cet amour ou par leur métier ou leurs fonctions, restent en contact avec elle et veulent conserver ses beautés. Dans ce but,. la Société se propose de publier une sorte d'inventaire des -beautés pittoresques de notre pays, d'étudier les lois et les règlements atfiministratifs qui peuvent soit les menacer; soit les défendre. Elle publiera un Bulletin, organisera des conférences^ des expositions, jusque dans les écoles, et fera tout, en un mot, pour répanure le goût de la nature et montrer qu'en défendant les paysages de France on ne fait pas seulement une œuvre de pur d|lettantisme esthétique, mais encore une couvre pratiquement utile pour les pays où ils se trouvent. Et, comme il s'agit ici d'une entreprise toute de bonne volonté et de désintéressement, je n'hésite pas à ajouter que, pour la mettre en action, il faut quelques ressources financières, que le comité demande au public, aux peintres, aux voyageurs, aux, automobilistes, aux cyclistes, à tout !Ce monde d'excursionnistes, qui devaient chaque jour plus nombreux. On participe donc à la Société par des cotisations variables, dont le minimum démocratique est de trois francs. Le docteur Jacquet, 52, rue du Génér&l-Foy, et M». Robert de Souza, notre confrère, avenue tluBois-de-Boulogne, 23, ont qualité pour recevoir les adhésions.Ceci dYt qu'il faut dire pour nos lecteurs amfis de la naturé j'ajoute que les adhésions seront nombreuses. Notre France est un des plus beaux pays du monde et, grâce au goût des déplacements qu'a propagé chez nous le progrès de l'industrie et le développement des sports de la route, nous avons fini par nous en apercevoir. J'ai beaucoup voyagé. J'ai vu, certes, quelques aspects de la nature, tels que la baie de Naples, l'estuaire du 'rage, le Bosphore, qui restent uniques au monde européen. Mais je n'ai guère vu de pays où la nature soit plus belle, plus doucement familière à l'homme, plus variée, que dans notre pays français. Landes de Bretagne, herbages nor-, mands, bois de l'Ile de France, jardins de Touraine, montagnes du Tarn, des Cévennes, des Alpes, des Pyrénées, côtes âpres et découpées de ma Provence, la «gueuse parfumée» qui n'est pas si gueuse qu'on le dit et qui a des oasis exquises nulle part on ne trouve une telle diversité d'aspects. Et ceux qui- aiment la nature n'ont pas besoin d'aller bien loin pour rencontrer des merveilles. on le sait aujourd'hui, je le répète, mieux qu'autrefois. Les beautés de la France ont eu des « découvreurs » dans nos admirables paysagistes. La forêt de Fontainebleau, par exemple, presque inconnue il y a un siècle, est devenue comme un parc pour les Parisiens, aux portes de la cité. Ils y vont, car la race se perd ades citadins trop entêtés, comme Auber, qui faisait commencer le désert inabordable aux fortifications!...