Extrait du journal

AUX VOYAGEURS Nos chemins de fer ont la guigne. 'C'est, pour eux, la série noire. Aux accidents tragiques succèdent les accidents ridicules, tel celui de ce pauvre lad, enfermé, avec ses précieux animaux, dans un wagon qui flambait. Il tire le signal d'alarme, qui ne fonctionne pas. Il réussit à grimper sur le toit de sa voiture. Mais ni le mécanicien, ni le chef de train n'entendent ses cris, pas plus qu'ils n'aperçoivent sa gesticulation désespérée. Tous les voyageurs s'émeuvent. On brise les petits carreaux qui protègent les appareils d'avertissement contre les appels inutiles ou indiscrets. Les appareils se refusent marcher. Les employés de la Compagnie dorment ou pensent à autre chose. Le train continue ga. marche, impassible, tandis que les chevaux grillent et que le lad roussit. Chose remarquable quand il s'agit d'un danger sérieux, jamais les signaux ne sér'vent à rien. Par contre, fiez-vous à cette insensibilité du mécanisme; faites le mauvais plaisant; passez votre doigt dans l'anneau, pour rire 1 Aussitôt le drapeau se lève, le sifflet siffle, le train stoppe. Vous aurez votre procès-verbal,! votre sévère condamnation afficliée dans toutes les gares; il vous en coûtera gros. L'unique usage de ces mécanismes, c'est de procurer des indemnités aux Compagnies. D'ailleurs, ils sont toujours nuisibles au public, parce qu'ils ne marchent pas quand ils devraient marcher, et vice versa.....