Extrait du journal

Les hommes politiques français qui ont causé avec lui au cours de la visite qu'il fit à Paris, peu après être monté sur le trône, l'ont constaté il était parmi les rares souverains européens qui n'avaient aucune prévention contre la' France démocratique, et l'instinct populaire qui l'entoure en ce moment d'une si ardente et si pure sympathie a vu j singulièrement juste. Souverain d'un pays neutre, très soù-. cieux de ses responsabilités, il a toujours montré la plus absolue correction diplomatique. Quand, il y a quatre ans, Guillaume ü vint le visiter à Bruxelles, il le reçut avec une politesse où il n'y avait aucun aveuglement, mais où il sut mettre autant de cordialité que de dignité. Si la France avait tenté de violer la neutralité belge, comme l'Allemagne l'a fait, il eût résisté de toutes ses forces et de tout son courag mais il savait que' la France ne tenterait jamais de violer la neutralité belge il la connaissait, il n'avait contre elle aucun des préjugés qui régnaient avant la guerre dans la plupart des cours européennes. Environ deux mois avant la guerre, fai eu l'honneur d'être reçu par le roi et d'avoir avèc Sa Majesté une conversation qui n'avait nullement le caractère d'une interview, mais dont il me paraît que je puis rapporter aujourd'hui quelques détails sans inconvénients. Le roi, dont l'abord est le plus simple qu'on puisse imaginer et dont le plaisir a toujours été de causer, en dehors du protocole, d'homme à homme, afin de connaître les diverses questions qui peuvent se poser à un souverain de la façon la plus directe, avait d'abord parlé avec beaucoup de dignité et de sagesse de la querelle linguistique qui divisait alors la Belgique et de la nécessité de concessions-mutuelles entre Flamands et Wallons. Comme s'il devinait la catastrophe qui allait fondre sur le pays, il m'avait dit qu'il comptait sur le bon sens national pour exalter, quand il le faudrait, le sentiment national, pour découvrir ce qui doit unir les Belges ou ce qui peut les diviser. Puis la conversation prenant un autre ton, il me parla de la France en des termes qui prennent aujourd'hui toute leur vaieur. Il est très facile de dire d'aimables banalités sur la France. On connaît le thème de ces conversations internationales....