Extrait du journal

Voilàunêtreàla fois douxet courageux, modeste et grand, héroïque et charmant, qui accomplit simplement un des exploits les plus fameux dont s'enorgueillisse la civilisation, un exploit couvrant de gloire son pays et son siècle. Cependant, ni son pays ni son siècle ne lui assurent de protection. On lui prend et on lui tue son enfant dans des circonstances affreuses; puis, on lui inflige un supplice quotidien en livrant sa pauvre vie bouleversée en pâture à la curiosité de la foule; puis, on l'oblige à toute heure à parler, à poser, à sourire devant des appareils de publicité; enfin, on ne parvient même pas à défendre son foyer déjà ensanglanté contre de nouvelles menaces et on le contraint de s'enfuir à l'étranger comme un paria, comme un malfaiteur. Il faut me plaindre, aurait dit, ces jours derniers, Charles Lindbergh. Ce ne sont pas toujours les victimes qu'il faut plaindre le plus. Les malheureux sont ceux qui ne respectent ni la gloire, ni la bonté, ni la douleur et pour lesquels le grand mot d'humanité n'est qu'un sujet de trémolos pour orgue de barbarie....