Extrait du journal

Merlou veut absolument que deux cents républicains, dont j'étais, aient fait une démonstration creuse- il est trop aimable pour dire: une mystification en combattant la « disjonction » de l'impôt sur le revenu et en essayant d'introduire cet Impôt dans le budget de 1902; Ce qui l'a froissé, surtout, c'est que notre démonstration lui semblait « platonique ». Et Merlou n'est pas pour le platonique. Je suis loin de l'en blâmer mais la question est de savoir de quel côté, dans ce cas, 'est la tradition d'amour purement contemplatif, faussement attribué à Platon, et qui appartient beaucoup plus aux poètes italiens du moyen âge. A dire vrai, Dante, adorateur mystique de la Béatrice dans ses rêves, mais en fait mari d'une femme beaucoup plus terrestre, me paraît, dans la mesure où l'en peut comparer les choses du Tendre à celles de la politique, avoir donné un assez joli exemple de « disjonction ». Tels quelques-uns des nôtres, amoureux très fervents et très fidèles de chaque réforme, n'en continuent pas moins à vivre indéfiniment en ménage avec la routine contraire. L'histoire ne dit pas ce que Béatrice pensait de ce genrx de combinaison entre l'idéal et la pratique. Mais je doute qu'en matière d'impôts il plaise à ceux qui attendent les couches de la Béatrice fiscale adorée par Merlou pour être dégrevés. Quelles sont donc les raisons pratiques qui rendraient impossible de tenir les promesses les plus formelles faites au suffrage universel C'est d'abord, dit Merlou, que « la situation financière est troublée ». Nous sommes en déficit. La réforme des boissons, celle des successions aboutissent à un mécompte de 45 millions sur lesévaluations.Gen'estpasle moment de « demander de nouveaux sacrifices au Trésor » et d'y « pratiquer de gaieté de cœur une brèche de 600 millions. »...