Extrait du journal

Quand on a pris la route en r- 'durs lacets qui, des collines sacrées de. Jérusalem, semble ramper vers là dépression tragique où gît la mer Morte, la notion du temps et de l'espace s'affaiblit à Chaque tour de roue. Le sable dense qui cerne le voyageur, l'air pesant, feutré et comme nourri de silence, le soleil, seul roi de cette cuve déserte, tout concourt à une fantasmagorie funèbre. Des âges, des civilisations, des peuples semblent enterrés .sous des pylônes, des tours, des monumentis cyclopéens que composent les dunes massives et que détruit ou ressuscite, suivant les heures, la lumière du, jour. Son caprice dilate ou rétrécit les plis et les crêtes qui deviennent tantôt les stries de quelque monstre squameux, tantôt des vallées sans fond dominées par des chaînes de cendre. Bref,' au bout de la course, alors que palpite l'eau trop bleue, trop épaisse et compacte de la mer Morte et que se --dresse,'de l'autre côté du Jourdain, la fatidique barrière des monts de Moab, l'esprit est tellement dérouté, arraché à ses élémènts habituels, et presque trébuchant qu'il est tout surpris 'et Incrédule en apercevant quelques signes de l'existence des hommes....