Extrait du journal

Dans le petit village de Beauzelle où Gustave Humbert, professeur, ministre 3t magistrat, a vécu pendant vingt ans ses heures de retraite et d'intimité, j'ai Touillé toute la mémoire des hommes et 'des choses, j'ai cherché dans la méQance des paysans les symptômes conîécutifs d'une longue préoccupation,, "ai demandé à la maison, aux meublés,; 5ux vieilles habitudes évoquées devant moi le témoignage d'un brusque ioubresaut de fortune ou d'existence. Je n'ai rien trouvé, rien sauf la certitude d'une médiocrité invariable. Tel 3tait venu, vers 1870, le petit professeur le Toulouse, tel est parti, en 1894, le premier président de la Cour des comptes. Entre sa femme, sa pipe et ses livres, le vieillard a continué le jeune homme, sans qu'aucune fièvre imprévue n'effleurât son recueillement, sans que nullé pensée de luxe suspect ou même de confort raisonnable modifiât ses tnœurs économiques de patriarche villageois. Il n'a rien eu là-bas de ce qui, d'ordinaire, fait la joie de posséder. Les lignes extérieurs de la fortune n'ont janais passé sur sa vie et sa maison; il a'a eu ni table ouverte, ni chevaux, ni chasses, ni domaines, ni aucun des mille riens qui répercutent naturellement dans un ménage le pouvoir de l'or nouveau et la joie d'être parvenu. Le solitaire de Beauzelle garde, aux yeux de tous ceux qui l'ont aimé, suivi, épié peut-être, l'aspect d'un homme qui s'intéressa davantage aux dires de Papinien, rénovés par Mommsen, qu'aux gestes chimériques des Crawford mystérieux....