Extrait du journal

Voilà le fait mais, en réalité, les choses étaient un peu plus compliquées que ne les montre le journal de la chancellerie. Depuis tantôt six moins, la question se posait de savoir si le centre, c'est-à-dire le parti catholique, « la fracGon la plus puissante du Reichstag », comme dit M. de Bülow, continuerait, comme par le passé, à soutenir le gouvernement. Cet appui, le centre se l'était toujours fait payer fort cher. Se sentant devenir de plus en plus indispensable; il devenait aussi de plus en plus exigeant. La part effective de pouvoir qu'il réclamait pour prix de ses services commençait gêner singulièrement .la liberté d'action d'un gouverrlement qui n'était plus maître chez lui. Le gouvernement hésitait pourtant à se séparer du puissant parti, et peut-être ces hésitations se fussent-elles longtemps prolongées, si un nouveau venu, M. Dernburg, directeur des colonies, n'y avait brusquement mis fin, en dénonçant publiquement les 'exigences intolérables du centre et en signifiant, de la part du gouvernement, l'intention ferme de n'y plus' céder. C'était la déclaration de guerre. Quelques jours après, le centre y répondait, en refusant les crédits coloniaux. Les Polonais, exaspérés de la tyrannie prussienne, et les socialistes, adversaires de toute dépense militaire, s'unirent aux catholiques pour faire .échouer le projet du gouvernement. Quand une telle opposition se produit au sein d'un Parlement, en France, en Angleterre, en Italie, il n'y a qu'une solution possible le gouvernement mis en échec cède la place à un autre. Mais le Reichstag allemand n'est point, à proprement parler, une assemblée parlementaire .s'il refuse obstinément sa confiance aux ministres, ce ne sont pas les ministres qui s'en vont c'est le Reichstag qu'on met à la porte. Telle fut, en effet, la solution qui intervint le 13 décembre. Le chancelier, au nom de l'empereur et des gouvernements confédérés, prononça la dissolution du Reichstag....