Extrait du journal

LES MOUTONS De nombreux ingénieurs ont remarqué, à la suite' de patientes études, que f 4e passage d'un troupeau de moutons abîme une route empierrée beaucoup plus gravement que le plus lourd charroi. Rien n'égale, paraît-il, pour désagréger le mortier du sol, ces mille petits coups de sabot, que l'on croirait inoffensifs. Le fer du cheval égratigne en vain le silex le large pied du bœuf caresse la poussière, où il s'imprime à peine la course du chien laisse une trace d'ongles aussitôt effacée le talon de l'homme s'use plus que le chemin la voiture roule en ébauchant deux ornières mais les deux pointes qui terminent chaque patte du mouton arrachent les cailloux menus, disjoignent les grosses pierres, et leur timide piétinement a vite fait de dé• truire la surface plane et lisse où s'étaient appliqués les soins du cantonnier. @,Mais ce n'est pas seulement, hélas sur les grandes routes que les troupeaux ̃bêlants font leur ouvre néfaste, et cha-: 'quE fois qu'un peuple se met, par crainte de la dent des loups ou de la dent des chiens, à courir en masse et prudemment vers la retraite prochaine, on peut îtrs certain, d'une part, qu'il se précipitë aveuglément sous le couteau du boucher, et que, d'autre part., il détruit dans sa fuite le solide et sûr chemin où marChaient ses aïeux....