Extrait du journal

La résistance au fisc est une des traditions les mieux enracinées de la paysannerie française. L'histoire de l'ancien régime est marquée à tout instant par des déploiements de force autour des collecteurs d'impôts. La machine démocratique moderne est plus prudente, plus perfectionnée que les anciens mécanismes monarchiques. L'Etat de M, Lebrun est plus fort que l'Etat de Louis XIV. C'est à tout moment qu'autrefois les gens du roi, préalablement "munis d'un riche assortiment de potences et escortés dé dragons, partaient en -expédition. contre les contribuables d'une commune, d'une région, d'une province. La République ignore les « grands jours » et les chambrés ardentes >. Il y a quelques années cependant, la protestation fiscale ne subsistait que corhme manifestation verbale et rite traditionnel. On comptait qu'on s'en tirait avec quelques sacs de blé et quelques poules, pas même des poules de-luxe, observait un mauvais plaisant. Mais, maintenant, la. où na-: guère il suffisait d'un sac de blé, il en faut trois,. à raison de l'effondrement des cours. L'impôt est devenu trois fois plus lourd il demande trois. fois plus de travail. Le trava;lleur de la terre souffre comme d'une injustice. Ce sentiment s'exaspère lorsque, dans l'impossibilité totale de vendre, il ne peut aucunement se procurer l'argent que lui réclame le percepteur. Je connais un canton de 8.000 habitants qui est en retard de francs sur les imp6ts de 1934 le canton voisin, deux fois plus petit, est en retard de 20.000 francs. Il arrive exceptionnellement que le fisc saisisse....