Extrait du journal

Il est probable que M. Waldeck-Rousseau a été entraîné plus loin qu'il ne voulait pour les besoins delà cause qu'il défendait. Avant d'être homme de gouvernement, il est la gloire de notre barreau, et les habitudes professionnelles reprennent toujours leurs droits. On ne demande pas à l'avocat si le plaidoyer qu'il prononce pour Pierre est d'accord avec celui qu'il a prononcé pour Paul. Et il peut impunément, il doit même exprimer toutes les idées qui servent son dossier du jour, alors même qu'elles seraient opposées à celles qu'il a dû développer pour un autre client. Cela est naturel il ne parle pas pour lui, mais pour un tiers. Un homme politique est tenu à plusxie suite dans les idées;.et il ne suffit pas, pour justifier de telles volte-face devant un public qui prend les choses au sérieux, de dire que Me Waldeck-Rousseau a changé de client, puisqu'il plaidait l'hiver dernier l'affaire « République contre Congrégations », et qu'il plaide' aujourd'hui l'affaire « Missionnaires contre Chine». Il ne semble pas que mes amis de la majorité républicaine, même parfois les plus avancés, se soient même aperçus de ce phénomène. La différence de langue leur suffit. Quand ils entendent M. Ribot développer la thèse commune, ils sont indignés, et le moment arrive vite du leur fureur ne connaît plus de bornes. Mais quand c'est M. WaldeckRousseau, qui la reprend, dans des termes différents et avec des idées adentiques, ils donnent tous les signes d'une satisfaction qui n'est assurément point saris réserve (ils s'aperçoivent vaguement que ces thèses-là ne sont point tout à fait celles de ce gouvernement de Défense républicaine), miàis qui n'en reste pas moins .très .vive et très touchante. Je comprends que des •m'anifestations de ce genre encouragent le gouvernement aux opérations 'de cette nature. Il est en droit de dire après cela à la majorité: « Tu l'as voulut, Georges Dandin.- Moi qui connais Georges Dandin, et qui .cause 'avec, je sais qu'il ne le veut pas du tout. Mais il y a certaines choses dont il est dans la nature humaine de ne s'apercevoir qu'au bout d'un certain temps....