Extrait du journal

Eh que nous importe à nous, désormais, le sort du mark ? Tant que l'Allemagne exécutait ses obligations, nous pouvions avoir intérêt à ménager sa monnaie, car un créancier a toujours intérêt à ménager les moyens de paiement de son débiteur. Mais, du jour où le débiteur se refuse à payer, le créancier n'a plus là moindre raison de se préoccuper de ses possibilités de trésorerie. Et puis, l'Allemagne, ayant renié hier ses dettes .politiques, menaçant de renier aujourd'hui ses dettes commerciales, qui nous dit qu'elle ne reniera pas demain sa dette vis-à-vis de la Banque de France ? Quand on manque à sa signature une fois, on peut aussi bien y manquer deux fois. La seconde chose à faire est de dénoncer, sur-le-champ, le traité de commerce conclu en 1927 avec le Reich. Ce traité de commerce s'est trouvé être particulièrement avantageux pour lui. En 1931, il s'est chiffré par un excédent de balance commerciale de quelque 7 milliards et demi de francs en faveur de l'Allemagne. Tant que l'Allemagne exécutait ses obligations financières, nous pouvions passer là-dessus et nous croire tenus de laisser subsister ce défavorable traité, car un créancier est toujoùrs tenu de laisser travailler son débiteur et de lui permettre de s'acquitter de sa dette par son travail. Mais, du jour où le débiteur se refuse à payer, le créancier n'a plus le moindre motif de lui faciliter son commerce, surtout lorsque ce commerce s'exerce à ses dépens. L'Allemagne ira donc demain écouler où elle voudra les 7 milliards et demi de marchandises qu'elle écoulait chez nous et que nous lui payions rubis sur l'ongle qu'elle s'adresse à M. Staline Ce dernier ne saurait qu'éprouver la plus vive sympathie pour un pays qui pratique les plus pures méthodes du bolchevisme. En un mot, la France peut et doit user, à l'égard de l'Allemagne, refusant d'exécuter ses contrats, des procédés dont se servent dans tous les pays les créanciers à l'égard des faillis de mauvaise foi et de mauvaise volonté coupage de tout crédit direct ou indirect cessation de tout rapport d'affaires mise à l'index de tout représentant. Par les temps qui courent, cet instrument de pression ne saurait manquer d'efficacité. Et il a le mérite d'être logique et facile. Stéphane L'auzanne....