Extrait du journal

Mais, retrouver à ses côtés, dans un laboratoire, l'audacieux garçon qui nous tomba du ciel, un beau jour de mai 1927, après avoir, le premier, traversé d'un coup d'aile l'océan Atlantique, c'est ce qui enfièvre l'imagination et renforce ce que la science a, pour le profane, de mystérieux et de légendaire! ',Nous avons eu la bonne ^fortune de pouvoir, hier soir, obtenir du docteur Alexis •# Carrel, depuis peu arrivé à Paris, la clé de l'énigme. Il ne s'agit pas, nous dit-il, d'une communication de l'institut Rockefeller, mais d'un article qui parait, aujourd'hui même, aux Etats-Unis, dans la revue Science. Il traite des résultats décisifs que nous avons obtenus, dès. avril dernier, grâce à un appareil dû à Charles Lindbergh qui travaille avec moi, depuis assez longtemps, et qui est un des esprits les plus curieux, les plus intuitifs et inventifs que l'on puisse rêver. Cet appareil, je renonce pour l'instant à vous en décrire toute l'ingéniosité et la complexité techniques. Son but prolonger aussi longtemps que possible la vie dans des W. organes prélevés sur des corps vivants. Je dis bien prolonger la vie, le rythme même de la vie, leur restituer, en quelque sorte, de façon expérimentale, le prodigieux moteur dont ils sont privés. Ces organes, glandes thyroïdes, ovaires, ou autres, sont isolés dans des chambres stériles qui les protègent contre toute corruption. Et nous les relions, alors, au singulier appareil qui joue le rôle et de cœur et de poumon. Grâce à lui, l'élément nourricier, sérum sanguin ou liquide artificiel, circule dans les artères. Sous une habile pression d'air comprimé, de, véritables pulsations favorisent cette circulation. Selon la personnalité des liquides ainsi injectés, les tissus demeurent à l'état normal ou offrent, dans leur comportement, des v particularités notables et les 'cellules se multiplient avec ,~»plus. ou ,moins d'activités...