Extrait du journal

Ainsi dans tous les domaines l'homme a délégué ses pouvoirs,, remis en gérance sa tâche de bonté, de vigilance où de travail. Peu à peu comme dans les stratagèmes de l'écran qui fondent un visage dans un autre, le trait viril s'efface pour laisser apparaître le visage féminin. Une substitution s'oprend sans bruit, sans heurt sa relève. Cela s'est fait f- comme dans les songes avec une muette aisance, une surprenante facilité, un minimum d'hésitation, de complications ou de discours. A 1 aucun instant les rouages énormes d'une,société hautement civilisée n'ont marqué '") une présomption d'arrêt. Pas > i même celui que légitimeraient la peine, les ,larmes, la suffocation du; coeur devant l'abîme du danger. Les larmes, la peine, les nuits seuinstants vides d'un trajet entre la maison et le travail. Et la terrible pause des repas, avec un couvert de moins à table et le dialogue familier converti en un colloque sans | voix avec une photographie. Mais que volt -on, au dehors, substituées à la foule des ouvriers, des employés, des vendeurs ? Des femt mes, des femmes, des femmes. L'usine emploie des femmes, le grand magasin n'a fermé aucun de ses rayons, mais ce n'est pas cela i qui frappe le plus. Il y eut toujours des femmes dans les usines et les magasins. Ce qui frappe, c'est dans chaque maison de détail, de voir à la place du patron la patronne. Le boucher qui riait !»̃ toujours est devenu une petite bouchère pâlotte, affairée, et le marchand de journaux qui tenait en même !» temps une mercerie, s'est effacé dans un brouillard ou affleure et se condense la figure délicate et sérieuse de sa jeune femme....