Extrait du journal

J'ai décrit sommairement ce que fut la cérémonie de la remise du drapeau au 1« régiment de chasseurs de l'armée nationale polonaise formée en France. Elle s'est renouvelée ce matin avec plus de solennité. Le président de la République avait tenu à remettre lui-même aux régiments de chasseurs et à l'artillerie polonaise leurs drapeaux et leurs étendards. C'était quelque part dans l'Est. Les troupes polonaises, superbes de tenue, étaient rassemblées dans une vaste prairie. Le fond du décor était composé par une épaisse futaie. Quelques .habitants des villages environnants étaient accourus pour ce spectacle inattendu. De même que pour le régiment de chasseurs, un autel avait été dressé en plein air pour la célébration de la messe. La croix de bois portait la reproduction d'une image chère à tous les Polonais, relique qui représente une vierge noire que les fidèles nomment, depuis des temps très anciens, la reine de Pologne et de Lithuanie. Elle est l'objet d'un pèlerinage national. La tradition veut que cette vierge porte deux balafres, suites des blessures que lui firent les Suédois lors de la guerre de Trente ans. Les musiques des deux régiments" qui Vont'. recevoir leur drapeau jouent les hymnes religieux et nationaux polonais. « Il a fallu, dit un officier coiffé de la schapska, que nous fussions soldats en France pour entendre librement les airs de chez nous, tous ceux de notre grand passé national. Dans notre pays, sous n'importe quelle domination étrangère, nos drapeaux et nos chants, patriotiques nous condamnaient il mort ÎNi La messe...