Extrait du journal

Jan Van Rees, le capitaine, donne aussitôt le signal du départ, et; sans se soucier des rafales du vent, le Wodan vire pour gagner la sortie du canal, devançant d'un quart d'heure le PrésidentVan-Heel. Le navire a quitté les eaux paisibles de la Meuse. En pleine mer maintenant, il danse d'une façon inquiétante et douloureuse. Le froid, les rafa les de vent, la neige qui vous cingle le visage rendent le pont inhabitable. Et pourtant on sort; dès qu'un rayon de lune perce les nuages qui galopent dans le ciel une chevauchée vertigineuse. Tout ce que l'on a d'énergie, on le met à deviner la tache sombre qui gît au pied du phare. Nous ne sommes plus qu à quelques encablures du Berlin on distingue nettement son arrière qui, sortant -des flots, se dresse tragiquement abrupte. La cassure est nette, hïdeuse de l'avant, on n'aperçoit plus qu'un mât qui émerge encore de quelques mètres, et c'est autour de ce mât, qui dénonce la présence de l'épave engloutie, que Jan Van liées, le capitaine, va faire évoluer son navire....