Extrait du journal

',UN AN DE CASERNE C'était un bien charmant bossu que feu Ernest Renan, un étrange incrédule, par moments très religieux et d'autres. fois abîmé dans l'adoration quasi-moite des mystères qu'il avait délaissés. Il raillait doucement toutes choses et parlait d'amour comme pas un, après dîner,, quoique n'aimant guère pour son compte, parce qu'il voyait,éeho'uées alentour, sur les fauteuils ou les canapés -d'un. aalon,, les belles madames- invitées pour lui faire, au dessert, à lui difforme, une auréole de beauté. Alors, il s'épandait en formules perverses et inachevées. Il étonnait toutes les jupes et faisait frémir tous les éventails par sa faconde fluide et heureuse. Il provoquait de petits cris de ravissement, grâce aux trouvailles de mots et de formules laudatives où ses auditrices se sentaient chatouillées. II répandait sur les dossiers des sièges le flot gris de ses cheveux ecclésiastiques, etquand, la soirée s'achevait,. toutes les pécheresses qu'il avait de son mieux encouragées à mal 'faire, toutes les honnêtes femmes qu'il avait réussi à troubler s'éloignaient en répétant « Vraiment, il n'y a que lui pour oser tout penser et pour savoir tout dire. » Je viens de retrouver une déclaration de principes de ce merveilleux remueur de mots, inscrite en épigraphe sur la couverture d'un livre récemment paru. Elle est ainsi, conçue...