Extrait du journal
Quo c'est drôle! J'ai eu, la semaine dernière, t'imprudence de risquer ici un mot, un seul, y mot bien simple la Loi. Il paraît que c'est défendu. Comme réponse, j'ai entendu crier « A l'assassin! » J'appelle un sergent do ville, on me dit que je demande un coup d'Etat. Je demande que les forains politiques n'empêchent pas la circulation, bn me dit que je veux les envoyer à Mazas et à Clairvaux. Pas tant d'imagination, s'il vous plaît. Ce que je demande, avec beaucoup d'autres, c'est la paix dans la cité, l'ordre public dans la rue. J'ai dit que les scènes de désordre qui s'étaient produites naguère à la gare do Lyon autour d'un soldat révolté, sous l'œil bienveillant de la police, étaient un intolérable scandale, et qu'il était temps de savoir s'il y avait des lois, ou des individus au-dessus dos lois, eu des pouvoirs publics trahissant les lois. Si Mangin, avec son carrosse et son casque, était allé se poster et s'établir sur la place de l'Opéra ou sur le pont de la Concorde, la police l'aurait peut-être dérangé dans son boniment. Nous no voyons pas pourquoi ses plagiaires auraient plus de privilèges que lui, et le devoir de la police est de maintenir la libre circulation. C'est ce qu'elle a fait dimanche, et elle a bien fait. Quand un tripot est réuni dans une taverne, ou une caverne, il suffit de faire apparaître un coin de l'écharpe du commissaire ou de la culotte du gendarme pour déterminer une fugue, au cri de « Voilà la police » Cela suffit avec tous les bookmakers politiques qui menacent depuis trop longtemps la paix de la rue. Aveo le système du laisser-faire, on établit le désordre en permanence. Parce qu'un mannequin à barbe et à plumet, dont tous les partis tirent les ficelles, voudra tenir une cour pléniére ou faire une promenade de cirque, il faudra que les boutiques soient fermées, que les troupes soient consignées, que les habitations de l'Etat soient gardées, que la circulation soit interrompue, et que la population soit en l'air Le premier devoir du gouvernement est de maintenir l'ordre et lapaix. Si on trouve qu'il dépasse ses pouvoirs, qui donc empêche de l'interpeller dans les deux Chambres ? On attend sans doute qu'il n'y en ait La note comique dans l'affaire, c'est l'indignation des amis du Deux-Décembre. Nous n'aurons pas la naïveté do croire que c'est l'idée d'un coup d'Etat qui les scandalise; cela les ferait rire. Non; mais ils regardent ce genre d'attentat comme leur propriété. Pour un peu, ils feraientun procès en contrefaçon. On leur vo7 lerait leur crime. ̃ Je l'ai dit souvent,- il y a chez les républicains, ̃ fine sorte d'atavisme qui fait qu'ils se croient toujours à l'état d'irreguliers et d'adversaires des lois. Gomme la monarchie a toujours été-la j'orme établie de gouvernement, les républicains ont été nécessairement des conspirateurs et des insurgés. Ils ont de la peine dépouiller cette vieille tunique. On dirait qu'ils considèrent la loi comme une ennemie, môme quand ils la font, et qu'ils sont toujours tentés de l'attaquer, mêmo quand ils sont chargés de l'appliquer. Ils n'arrivent pas à se mettre dans la tête qu'ils sont le gouvernement, -que c'est eux qui représentent désormais le parti conservateur, et que résout les autres qui sont les révolutionnaires. e là cette disposition du gouvernement républicain à laisser aller les lois à la dérive et à relâcher tous les ressorts du pouvoir. Il est hanté par ses vieilles formules, il a peur du mot gouvernement. C'est une nouvelle éducation à ïaire....
À propos
Lancé en 1883 sur le modèle du quotidien britannique le Morning News, Le Matin se revendiquait être un journal novateur, « à l’américaine ». Son directeur Alfred Edwards entendait donner « priorité à la nouvelle sur l’éditorial, à l’écho sur la chronique, au reportage sur le commentaire ».
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