Extrait du journal

On se plia tristement et courageusement à cette nouvelle existence, à laquelle par la force des choses, on finit par s'adapter petit à petit et vaille que vaille, en maugréant, en criblant de piqûres le vainqueur tout ébaubi et lourdement faraud de sa victoire inespérée. Pour tout le monde, la France restait, au cœur de ces suppliciés, l'image du plus magnifique idéal liberté, gloire, fine et vieille civilisation, justice, générosité, beauté, noblesse, grandeur. On n'en parlait qu'avec une pieuse émotion. Et plus les années passaient, plus l'enchantement de la France maternelle illuminait les souvenirs des Alsaciens et des Lorrains qui avaient été ses citoyens et ses soldats, éblouissait l'imagination de ceux qui, plus jeunes, l'aimèrent à travers les regrets et les larmes de leurs paTout de même les années passaient î On ne vit pas que d'attendrissements. Il fallait gagner. son 'pain au contact du Prussien qui, avec sa morgue, sa cupide frénésie de jouir, apportait aussi son administration ponctuelle, son sens pratique dès affaires et des commodités qui les facilitent....