Extrait du journal

Les deux sens les plus obérés la vue et l'ouïe. Ce dernier, qui est le plus fortement impressionné, est celui qui, par excès de dépense, conduit le plus vite au déséquilibre nerveux. En ville, il ne se repose jamais. Et comme, pendant notre sommeil, il est, lui, à l'état de veille, sa sensibilité s'exagère et retentit dangereusement sur le cerveau. Mais la brutalité des bruits de la rue a encore un autre danger l'effet de surprise qui, sur la chaussée, paralyse le piéton ou lui dicte des réflexes qui le mettent à la merci du véhicule qui vient sur lui ou le rejettent vers d'autres voitures. L'at- 1 ténuation obligatoire des appels de j trompes et de sirènes a pour avan- ( tage, d'un côté, de rendre les chauf- ( feurs plus prudents, de l'autre de i conférer aux passants va!ides la pru- < dence des sourds qui sont les gens les moins écrasés du monde. Et, pour abréger cette consultation, voici la conclusion du professeur Janet, du Collège de France Nous naissons avec une provision d'énergie nerveuse qui nous permet de lutter durant toute notre vie et qui ne varie pas. A l'heure actuelle, nous la dépensons en prodigues. Nous n'observons plus les temps normaux du travail et du repos. Usons d'une image nous sommes comme ce Juif Errant qui a, dans sa poche, cinq sous. Lorsqu'il traverse une région pauvre, il est riche, n'ayant pas l'occasion de les dépenser. Mais, s'il passe dans une ville, ils sont insuffisants. Dans les cités exagérément bruyantes, jour et nuit notre dépense nerveuse excède nos...