Extrait du journal

Quand' le dernier Boche a disparu avec son sac sous la bâche verte, un brave gendarme s'assied à la portière et le camion s'ébranle. Et alors c'est une scène inoubliable. Au-dessus de la foule, des milliers de mains agitent des mouchoirs, des réticules tricolores on crie, on hurle « Adieu 1 Bon voyage 1 A jamais plus 1 et subitement monte de cette foule la Marseillaise, chantée comme on ne la chante guère qu'en Alsace en ce moment. Cela part on ne sait d'où, cela gronde comme un ouragan, déferle comme une mer démontée autour des camions. Les gosses au-dessus de moi ne sont plus accrochés que par un pied, par une miin, & leur arbre; Ils se penchent tant qu'ils peuvent pour hurler de plus près le chant vengeur à la face des Boche. La même scène se répète au dénart de chaque voiture. La dernière voiture arrive hnfln elle se met en marche, et alors, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, les enfants dégringolent de leurs arbres, de leurs murs ils poursuivent la voiture et toute la foule les suit en courant dé toutes ses forces, pour pouvoir hurler un peu plus longtemps son dégoût et sa haine la face du BneheLes camions ont pris la route du Rhin. Dans une heure Broches et bagaeres seront déposés au milieu du pont. Je crois que parmi les Boches que j'ai va partir de Colmar il n'y en a pas un qui nous parlera jamais de plébiscite....