Extrait du journal

Dans le premier cas, les auteurs choisissent simplement dans leur discothèque des fragments de partitions enregistrées qu'ils font entendre et relient entre eux par des commentaires, quelques phrases seulement. Certaines fantaisies, et elles sont en nombre, traitent d'amour, telle la Cantate à VInconnue de M. Lamy. Mais il ne s'agit pas là, comme le titre semble l'indiquer, d'une composition à une ou plusieurs voix soulignée d'un accompagnement, destinée à la chambre ou au concert, mais bien d'une de ces mosaïques faites de l'amalgame de plusieurs disques, notamment : Donnezmoi la main mam'çelle, Celle que j'aime n'a pas de nom et Sombre dimanche. Le thème « Voyage » donne lieu à de fréquentes variations et nous porte, sans autre transition que trois ou quatre mots jetés au microphone, du marché de Bagdad aux rives du Gange, de la Russie en Colombie, laissant l'imagination s'ébattre et suppléer à la télévision ; les valses de Strauss voisinent avec la marche de Tannhàuser et les mazurkas polonaises avec la nouba des Gardes noires marocaines. Ces exemples, choisis entre mille, prouvent combien les fantaisies radiophoniques développent volontiers les sujets « amour et paysage ». La Corse offre d'ailleurs à ses adeptes un champ d'exploration tout particulier, car la voix de Tino Rossi, délice des âmes sensibles, procure d'inappréciables ressources pour compléter ces émissions.^ Elles permettent aux sans-filistes de passer dagréables moments tout en vaquant à leurs occupations, bercés par des refrains qu'ils connaissent par coeur et se plaisent à retrouver. Plaisirs faciles, plaisirs dangereux entretenant le goût de la musique légère et développant l'habitude d'écouter d'une oreille distraite....