Extrait du journal
par Léon BLUM. ’lxclption confirme la règle. Décernons en passant au gouverLneinent deux bons points, deux petits bons points. J’ai toujours élu convaincu que Daladier ne ferait pas un ministère de la Propagande, pas plus qu’un ministère du Réarmement. Ces créations se heurtent chez lui à une répugnance ancienne, tenace, irréductible, dont toutes les raisons ne sont pas excellentes. La ques tion de la propagande ne pouvait donc se résoudre au mieux que par l’institution de Hauts-Commissariats relevant et dépendant stric tement de lui. Nous avons donc, sous des titres différents, des HautsCommissaires à l’Information et à la Radio, tous deux rattachés à la Présidence du Conseil. On peut discuter le système que, pour ma part, je n’approuve pus, mais on ne peut que se féliciter du choix des personnes. Jean Giraudoux s’est fait un grand nom dans les Lettres. Léon Brillouin porte et continue dignement un nom déjà illustre dans les Sciences. Tous deux comptent parmi la centaine de Français qu’on peut considérer, dans leurs spécialités diverses, connue de « classe internationale ». Ils sont tirés tous deux hors de leur spécialité, mais ils possèdent tous deux cette qualité d’intelligence qui attire à elle n’importe quel emploi. Une fois n’est pas coutume : Daladier mérite un complimeni. ou bien pour avoir choisi lui-même, ou bien pour s’être fié à de bons conseils, ce qui n'est guère moins méritoire. Cela dit, nous nous trouvons pour la troisième fois en présence d’un amoncellement de textes hétéroclites devant lesquels on se sent un peu perdu. Je mets à part, bien entendu, la prorogation. Ça, c’est un texte qui dit bien ce qu’il veut dire et dont tout républicain sait bien ce qu’il doit penser. J observe d’ailleurs à travers la presse offi cieuse que le Gouvernement paraît déjà un peu embarrassé de son mauvais acte. Sans doute commence-t-il à en apercevoir ou à en pressentir les répercussions qui ne s’arrêteront pas là, je l’en avertis. Mais pour le surplus il n’est ni très plaisant, ni très commode de se former une opinion réfléchie sur ce fatras de textes incohérents et obscu rs. Vn point devient de plus en plus évident. Le Parlement s’imagine qu’il a délégué les pleins pouvoirs au Ministère. Ils les a délégués, en réalité, à une petite équipe de fonctionnaires, probablement mal choisis, en tout cas mal adaptés à cet emploi, infatués et entêtés par surcroît du sentiment de leur toute-puissance. Le travail des « Soviets » du ministère des Finances est d’une qualité très sensiblement inférieure au travail parlementaire normal. Pour ne citer qu’un texte, que je connais mieux que les autres et sur lequel un passage imprudent du dernier discours de Paul Reynaud va me forcer à revenir, on me croirait à peine si je racontais dans quelles conditions d’étourderie et de précipitation avait été improvisé le texte de taxation — ou plutôt de dégrèvement — sur les profits des industries de guerre. La presse gouvernementale parle glorieuse ment du Comité de la Hache. Ce nom tranchant fait impression, je l'accorde. Mais je connais bien l’homme qui le dirige. Je le considère comme quelque chose de plus qu’un grand juriste, comme un grand magistrat. Le malheur est que sa vie même l’a séparé de toute réalité politique, voire de toute réalité administrative. Auprès de lui, quel ques fonctionnaires retraités; autour d’eux, un essaim de jeunes « rapporteurs » appartenant pour la plupart, bien entendu, à l'Ins pection des Finances s’emparant chacun d’une question qu’il ignore, l’étudiant en hâte comme un dossier mort, taillant à tort et à travers sans le plus léger souci des conditions et des incidences humaines. Le récent décret sur les transports à Paris permet d’apprécier le genre. Mais pas un effort vraiment novateur, pas une idée vraiment créatrice. Ce n’est pas la première fois qu’on se targue ainsi de refaire la France, à coups de ciseaux et de grattoir. Paul Reynaud l’avait essayé il y a huit ans, comme Garde des Sceaux d'un des Cabinets Tardieu. Pierre Laval a recommencé en 1935. Le troisième essai ne laissera pas, je crois, de trace beaucoup plus durable que les deux précédents. Un geste du suffrage universel, qui est toujours là en dépit de la prorogation, qui reste toujours le maître, balaiera cet amas de chica nes, de rancunes et de faux-semblants. En attendant, on n’est guère tenté d’appliquer à ce travail sans consistance et sans durée une critique sérieuse. Nous tâcherons pourtant : c’est une façon comme une autre de réhabiliter et de venger le régime parlementaire. immiiiimiiiimiHiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiPiiimiiiiiiOT...
À propos
Lancé en 1908 sous le patronnage d'A. Bedouce, député SFIO, Le Midi socialiste était un quotidien de gauche édité à Toulouse. En 1910, Vincent Auriol en devient le rédacteur en chef. Malgré ses vélléités de grand quotidien régional, Le Midi socialiste se vendait essentiellement dans Toulouse même, où son tirage était par ailleurs relativement faible.
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