Extrait du journal

LA MOTION DE NANTES par Léon BLUM N’ESSAYONS pas de satisfaire ces Messieurs de la réaction. Nous n’y parviendrions pas; ils ont pour nous trop d’exigence. Sans doute montrent-ils ainsi l’estime particulière où ils nous tiennent. Qu’aurions-nous entendu dans leur presse si le Congrès de Nantes s’était terminé, ainsi qu’ils en formaient le vœu secret et in sensé, par une scission de notre Parti ? Qu’aurions-nous même entendu si le Parti, sans se déchirer par une scission impossible, s’était cependant coupé en fractions assez fortement tranchées pour qu’au cun effort de conciliation ne parvînt à les rapprocher et à les réunir ? Que! tapage ! Quel crépitement de railleries méprisantes et de sar casmes ! Voyez un peu ces hommes qui ont gouverné leur pays, qui en revendiquent encore le gouvernement, qui prétendent à une telle place dans la vie publique et qui ne sont même plus capables de pen ser d'accord ni par conséquent d’agir d'accord, qui bataillent sur des mots pendant des jours et des nuits sans en tirer une doctrine com mune, une ligne de conduite commune !!... Il se trouve qu’en dépit des moqueries et des prophéties de malheur, le Parti socialiste sort de son Congrès fixé, dans sa quasi-unanimité, sur une doctrine commu ne, prêt à agir demain tout entier suivant une ligne commune. Ces Messieurs de la réaction devraient être contents de nous. S'ils étaient conséquents avec leurs propos sardoniques et leurs pronostics maléfi ques, nous aurions droit aujourd'hui à leurs compliments... Eh bien, non ! pas du tout ; ils ne sont pas encore satisfaits. Le Parti, qui devait se briser en mille pièces, n'a pas une cassu re, pas une fêlure ; les débats qui devaient prolonger et exaspérer I opposition de thèses contraires, se sont résolus par la définition d'une thèse unique. Mais comme ces messieurs ne veulent pourtant pas ad mettre que l’Unité du Parti soit réelle, que l'accord entre ses mili tants responsables soit réel, voici maintenant qu’à les en croire la scission et la division sont descendues à l’intérieur de la motion dite d’unanimité. Tout s’y balance, dit-on, et par conséquent tout s’y compense, et par conséquent tout s’y annule. La concession exigée par l’un contredit la concession abandonnée à l'autre. On a voulu sa tisfaire tout le monde ; on ne s’est prononcé franchement sur rien, et en tin'de compte, d’ailleurs, on n’a satisfait personne, car les riva lités, les antagonismes latents continuent à fermenter sous cette mince et fausse apparence de langage, etc., etc... Tel est l'abrégé de ce qu’on nous a galamment servi hier matin, sur tous les tons... et de toutes les encres. Car au concert de la presse réactionnaire se mêlaient les petits instruments de quelques journaux dits républicains. Le Populaire a publié hier la motion de Nantes. Sa lecture atten tive est la meilleure réponse à une campagne qui n’a dû beaucoup surprendre aucun de nous. Elle est vraiment une motion d’entente et de conciliation en ce sens qu’elle ne veut pas envisager dans le Parti d’adversaires, encore moins de vainqueurs et de vaincus, et que per sonne n’y triomphe de personne. Elle est une motion d’entente et de conciliation en ce sens qu’elle est le résultat d’un loyal effort d’en tente et de conciliation. Mais le résultat de cet effort est la définition d’une doctrine parfaitement positive, cohérente, claire et nullement verbale, contradictoire ou équivoque. Cette doctrine, formulée d’un accord commun, devient pour le Parti l’élément d’une pensée forte et féconde comme d’une action efficace. Voilà le point capital que je voulais marquer dès aujourd’hui, et sur lequel nos lecteurs ne m'en voudront pas d’appuyer un peu davantage. iiiiiimiiiiiimiiiiiimiiiimmiiiiriiiimiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiimiiiiiiiiii Premières victimes de la guerre des gaz...