Extrait du journal
NOTRE PENSEE COMMUNE par Léon BLUM E le demande à tous nos camarades ; je le demande à tous les juges de bonne foi : après avoir lu sans parti pris la résolution de Nantes, a-t-on le droit de la présenter comme un « nègre blanc ». comme un arlequin cousu de pièces et de morceaux, comme un salmigondis de thèses antagonistes s'annulant par leur contradic tion ? N’est-il pas évident, tout au contraire, que l’effort de conci liation et d’entente souhaité par le Parti s’est résolu par la définition d’un système positif, clair et cohérent ? N’est-il pas évident que la résolution fixe une doctrine qui ne comporte pas d’équivoque, trace une ligne de conduite qui ne comporte pas de déviation ? Reprenons le texte. Voici comment il s'exprime, et non pas du bout des lèvres ou sur le ton froid d'une concession maugréante, mais avec cette force intime de conviction et d’éloquence qui suffirait à faire reconnaître son principal rédacteur. Les engagements solennels pris à Munich et depuis Munich ont été violés. Deux peuples libres ont été asservis. Toutes les nations civilisées se sentent à la fois outragées et menacées par une folle entreprise de conquête universelle. Vis-à-vis de cette entreprise, le socialisme prend nettement position. Il proclame le droit des petites nations à vivre libres. Il dénonce ces théories d’ « espace vital » et d’ « expansion nécessaire », où il ne voit que faux prétextes aux desseins conquérants. L’Allemagne excipe de sa pénurie en denrées alimentaires et en matières premières. Mais la cause principale de cet état est qu’elle sacrifie tout au réarmement, instrument néces saire de sa domination, et qu’elle s’isole ainsi du monde. Ainsi se mesure le péril et se définissent les responsabilités. Quelles conséquences la résolution tire-t-elle maintenant de cette analyse ? La première c’est, bien entendu, que le Parti affirme à nouveau la résolution du peuple de France de défendre l’intégrité de son territoire, son indépendance politique, la condition des indi gènes de ses colonies. Mais la résolution ajoute qu’en présence de cette situation, le Parti tient pour nécessaire « d’opposer aux entre prise? violence une volonté iné^ranjab^ de résistance et une coalition de forces pacifiques assez puissante ». Assez puissante pfcur quoi ? Pour que les dictateurs voient clairement dressé devant eux le choix entre la discussion libre, qui est la paix, ou l’entreprise de violence, qui est la guerre, et que dans cette délibération inté rieure ils soient incités à pencher du côté de la paix. La résolution poursuit donc en déclarant, avec une fermeté de principes et une précision de détail particulièrement adaptées aux circonstances de l’heure présente, que « le Parti approuve les garanties données par la France et l’Angleterre tant à l'Ouest qu'à l’Est de l’Europe et les efforts tentés pour conjuguer le concours de la Russie avec ceux de la Pologne et la Roumanie ». Je ne crois pas que l’on puisse rien dire de plus lucide et de plus fort. Le Parti quasi unanime pense cela, signe cela, sans nulle récri mination sur le passé, en se bornant à considérer la situation présente, le péril présent, son devoir présent. Je demande où est l’équivoque ; je demande où est la logomachie, je demande où est la contradiction. On viendra peut-être m’objecter que si le développement essen tiel que je viens d'analyser et de reproduire en partie se déduit en effet d'une seule coulée avec une parfaite rigueur logique, on trouve tout de suite après un développement destiné à en amortir la portée. C’est, m'a-t-il semblé, l’avis d’André Guérin. Politique de fermeté, dit-il, défense nationale, garanties d’assistance à l’Est comme à l'Ouest, coalition des forces pacifiques, cela, pour satisfaire les uns. Mais « en revanche » pour donner aux autres une satisfaction com pensatrice « recherche d’un rapprochement économique des peuples dans le sens de la Conférence mondiale et du message Roosevelt ». André Guérin s’abuse. Ce n'est pas un vain jeu de pendule ou de bascule. La résolution exprime la pensée commune du Parti en ce qui touche la « politique de fermeté ». Elle l’exprime également en ce qui touche « la Conférence économique des peuples ». Je le montrerai sans nulle peine ! UN NOUVEAU BOMBARDIER ANGLAIS LE PLUS RAPIDE DU MONDE...
À propos
Lancé en 1908 sous le patronnage d'A. Bedouce, député SFIO, Le Midi socialiste était un quotidien de gauche édité à Toulouse. En 1910, Vincent Auriol en devient le rédacteur en chef. Malgré ses vélléités de grand quotidien régional, Le Midi socialiste se vendait essentiellement dans Toulouse même, où son tirage était par ailleurs relativement faible.
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