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Le Midi socialiste, 9 mars 1939

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Le Midi socialiste
9 mars 1939


Extrait du journal

Noire tâche par Léon BU/lt LE Conseil national a défini en quelques mots frappants la situation politique que j analysais hier. Ce qui caractérise la « majorité nou velle », a-t-il dit, c est que les radicaux n’en sont que la couverture ... 5* *appoint, tandis que la réaction en est la maîtresse. Appoint ma teriel indispensable, puisque, sans le complément des voix radicales, la « majorité nouvelle » ne serait plus une majorité du tout. Couverture mo rale — si je puis dire — nécessaire encore puisque, sans l’enseigne et la figure radicales, la « majorité nouvelle » n’aurait jamais été une majorité Mais c’est la réaction qui fournit le gros des forces; c'est la réaction qu possède la maîtrise réelle; c'est la réaction qui inspire, qui dicte et qui mène. A mesure que le temps passe et que les événements se déroulent, cette ma.trise s affiche avec plus d'arrogance. La réaction ne se sent pas encore assez forte pour se passer des radicaux; son jeu évident est de progresser à leur abri jusqu’aux élections prochaines; mais elle se sent déjà assez forte pour exiger, et pour crier insolemment ses exigences. Le reste viendra plus tard, car elle n’entend pas s’arrêter à mi-chemin. Elit veut détruire jusqu’au dernier vestige du Front populaire. Elle veut ruiner jusqu'à la dernière trace de l’œuvre accomplie au début de la législature. Qui sait jusqu où la conduiront ensuite l’égoïsme de classe, la haine du « marxisme », la contagion propagée par les succès du fascisme international ? Là est le danger pour la République. Dans la pensée de ses inspirateurs véritables, la « majorité nouvelle » n’est qu’une transition vers une majorité de réaction ouverte et déclarée. La République ellemênie peut alors se trouver en péril, car — ainsi que le rappelle la motion du Conseil national — «la défense de la République ne peut être efficace ment assurée que par les républicains ». Comment le Parti socialiste, qui reste fidèle aux engagements de Front populaire, qui entend défendre 1 œuvre sociale accomplie en son nom, qui est résolu à préserver les libertés républicaines contre toutes les entreprises extérieures et intérieures du fas cisme, resterait-il indifférent devant de telles menaces, devant de tels périls. Dans cette situation qui l’alarme, et qui devrait alarmer au même de gré tous les républicains sincères et clairvoyants, il a conscience de n’avoir encouru aucune responsabilité. Nos camarades du Parti peuvent le répéter bien haut à toutes les tribunes, dans toutes les occasions : Si la majorité de Front populaire s’est rompue, si la « majorité nouvelle » s’est formée, si le Parti radical est devenu l'appoint et la couverture de la réaction, nous n’y sommes pour rien; ce n'est ni notre faute ni notre fait. Non seulement nous n’avons rien fait pour rejeter les radicaux vers le Centre et vers la Droite, mais nous avons poussé jusqu’à l’extrême — je ne dis pas jusqu'à l'excès — le souci d’éviter cette conjonction. Nous n'avons épar gné aucun effort, nous n'avons reculé devant aucun sacrifice pour pré venir un renversement de la majorité parlementaire. Cette affirmation défie toute contradiction possible. Je n’en puis pas fournir de preuve plus topi que que notre attitude vis-à-vis du cabinet Daladier, formé à la suite d’évé nements qui auraient pu laisser en nous une amertume assez légitime et dont nous avons cependant encouragé ou protégé la marche avec un mé lange assez méritoire de sollicitude et d’abnégation. Mais, depuis la fin d’août dernier, nous nous sommes trouvés en pré sence d’une série d’actes, dont la suite, l’objet, la préméditation sont deve nus peu à peu trop manifestes. Je ne les rappelle qu’en passant; ils sont dans toutes les mémoires : discours de Daladier, en août, si soudain, si sur prenant; démissions quasi imposées à Frossard et à Ramadier; allure im primée au Congrès de Marseille; rupture du Front populaire; décrets-lois fiscaux et antisociaux de novembre; attitude de bataille prise avant, pen dant et après la grève générale de protestation; encouragements donnés à la répression patronale; refus de l’amnistie... De jour en jour, et en dépit de nos efforts toujours persévérants, la volonté de rompre, de provoquer la rupture, de la rendre inévitable et durable en en accumulant les conditions, s’est affirmée avec plus d’évidence. Il ne m’appartient pas de fournir l’expli cation de cette conduite concertée et systématique. Je la rattache, quant à moi, à des causes d’ordre financier et monétaire. C’est la confiance pleine des capitaux qui a paru indispensable; c’est elle qu’on a payée de ce prix en attendant qu’elle se fasse payer plus cher encore. Mais si on peut dis puter sur les causes, on ne peut pas disconvenir des faits. Nous ne sommes donc responsables en aucune mesure de la situation; elle a été créée en dehors de nous; elle a même été créée contre nous. Cependant, parce que nous sommes socialistes et républicains, nous ferons tout pour qu’elle cesse, et c'est la tâche qu’en effet le Conseil national nous a tracée....

À propos

Lancé en 1908 sous le patronnage d'A. Bedouce, député SFIO, Le Midi socialiste était un quotidien de gauche édité à Toulouse. En 1910, Vincent Auriol en devient le rédacteur en chef. Malgré ses vélléités de grand quotidien régional, Le Midi socialiste se vendait essentiellement dans Toulouse même, où son tirage était par ailleurs relativement faible.

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