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Le Midi socialiste, 10 mars 1939

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Le Midi socialiste
10 mars 1939


Extrait du journal

L’APPEL AU PAYS par Léon BL U M DANS la constitution du Parti Socialiste, le Conseil National est un organe d’exécution et de direction. Son rôle est d’examiner les problèmes concrets, de formuler des instructions positives, de fixer des tâches précises. Vis-à-vis d’un problème politique comme celui que pose la constitution et la consolidation de la « majorité nouvelle », quelle instruction le Conseil National pouvait-il formuler, quelle tâche pouvait-il fixer aux forces actives du Parti, sinon d.- faire cesser au plus tôt une situation contraire à la volonté du pays, contraire à la logique et à la raison, contraire à l’intérêt de la République. C’est au groupe parlementaire du Parti que le Conseil National a remis principalement cette tâche. Le groupe, dit sa résolution, doit s’effor cer de reconstituer une majorité conforme au vœu du Suffrage Universel. Le groupe remplira ce mandat avec énergie et ténacité. Mais de quoi dépend-il qu’une majorité conforme au vœu du Suffrage Universel soii ou non reconstituée ? Non pas certes de la bonne volonté ou de la volonté du Groupe Socialiste. Une majorité conforme au vœu du Suffrage Universel ne peut se reconstituer que si les Radicaux y prennent place, et les Radicaux ne peuvent y prendre place que s’ils ont commencé par se dégager de la « majorité nouvelle » en rompant le lien qui les attache aujourd’hui au Centre, à la Droite, à l’Extrême-Droite. Tout dépend de^ Radicaux et d’eux seuls. Ils n’ont qu’à faire un signe, un geste, et la ma jorité de Gauche est reconstituée. S’ils ne font ni le geste, ni le signe, si les choses continuent à durer telles qu’elles sont, la « majorité nouvelle * durera du même coup. Quelle peut donc être l’action utile du groupe socialiste ? Tenir les radicaux en éveil, surveiller et exploiter toutes les occasions que fournit la vie parlementaire de leur remontrer le péril, de les entraîner au devoir républicain ? Oui, sans doute, et le groupe, ainsi qu’il l’a fait déjà, s’ef forcera de rapprocher les contacts, de répéter les appels. Mais cette tacti que ne peut être employée qu’avec beaucoup de tact et de prudence. Les groupes humains sont comme les personnes humaines. Ils n’aiment pas être forcés du dehors ; l’insistance leur paraît vite indiscrète ; les pres sions insistantes provoquent aisément l’impatience et l’intolérance. Somme toute, cette façon d’agir n’a pas donné jusqu’à présent grands résultats, et j’ai eu parfois l’impression qu’elle se retournait contre son objet. Selon moi, l’action que nous pouvons et devons exercer sur le groupe radical n’est pas une action directe. Nous devons agir par l’intermédiaire du pays, par l’intermédiaire de l’opinion républicaine prise dans sa masse. L’action exercée sur le pays républicain, si elle est suffisamment intense, si elle s’amplifie et retentit avec assez de force, réagira presque aussitôt sur le Parti radical. Or, cette action est possible ; elle est même facile, car le pays est parfaitement préparé à la recevoir : tous ceux d’entre nous qui ont concouru à la tournée de masses de décembre, tous ceux qui ont participé, ces temps derniers, à de grandes manifestations publiques, s’en sont clairement rendu compte. Dans le pays, ce qu’on appelait railleuse ment la mystique de Front populaire, c’est-à-dire l’ensemble de convictions, d’espérances et aussi de répugnances que les engagements de Front popu laire exprimaient, est toujours vivant, toujours vivace. Le pays sait ce qu’ont fait au pouvoir les gouvernements de Front populaire ; il sait ce qu’ils y ont tenté ; il sait ce qu’on y fait aujourd’hui. 11 compare, il rap proche,... et il ne tire pas de cette confrontation les mêmes conclusions que Paul Reynaud. Dès qu’il aura fait sentir sa volonté, la « majorité nouvelle > sera bien malade. Telle est la tactique efficace. Tout dépend du Parti radical, mais c’est par l’appel au pays que nous serons entendus des radicaux. P. S. — Je lis ce qui suit dans le dernier éditorial de YŒuvre, sous la signature de Jean Piot : c Que des ministres radicaux, en 1936 — à commencer par M. Edouard Daladier — aient envisagé l’hypothèse d’une intervention en Espagne, ce n’est pas une révélation. « Tout le monde le sait — et il n’est pas besoin d’invoquer ici le secret des délibérations gouvernementales. « Que cette intervention ait dû prendre, dans la pensée de ces minis tres, la forme d’une occupation par la France de la côte catalane, je n’ai pas dit cela... « D’instinct, j’avais été, quant à moi, partisan de < l’intervention ». Yvon Delbos, d’accord avec M. Léon Blum, m’a démontré, en août 1936, que c’eût été une faute. « Je le crois. « Mais qu’on ne vienne pas me dire aujourd’hui qu’il n'y avait pas dans le cabinet de 1936, des hommes qui partageaient mon premier senti ment. » Je me suis bien appliqué, cette fois, j’imagine, à ne faire dire à Jean Piot que ce qu’il a dit. Je pourrais me borner, pour lui répondre, à répéter littéralement ce que j’écrivais avant-hier. Je ne suis pas de ceux qui violent le secret des délibérations gouvernementales. Je ne veux faire appel ni au souvenir de ceux qui y ont participé, ni aux témoignages écrits et contemporains qui en subsistent. Jean Piot peut m’en croire sur parole quand je déclare que les bruits dont il s’est fait l’interprète sont contraires à la vérité, ou même sont le contraire de la vérité. Mais, pour dissiper toute équivoque, voici ce que cette dernière for mule signifie. La décision de principe qui a servi de base à la politique de « nonintervention » ou qui plutôt constituait par elle-même la politique de « non-intervention » a été prise par le Conseil de cabinet du vendredi 7 août. Ma parole suffira, je pense, à Jean Piot, quand je déclare que, non seulement cette décision n’a pas été combattue par « certains ministres ra dicaux », mais encore que l’opinion formellement exprimée par eux en a été l’un des éléments déterminants. Je n’ai jamais renié la decision du 7 août 1936. Je ne la renie nulle ment, car nous étions alors fondés à croire que les accords internationaux qu’elle a provoqués seraient observés loyalement par toutes les puissan ces qui les contractèrent. Je n’ai jamais manqué d’en assumer la pleine responsabilité, et je la revendique encore. Mais ce n’est pas seulement en vertu d’une fiction constitutionnelle que cette responsabilité est parta gée par « certains ministres radicaux ». — L. B. iiiiiiiiiiiiiiiiiimiiiiiiiimiiiiimiitiiiimiiiiiiiiiimimiiiiiimiimiiiiiiiiiiuiiiii» Une marâtre fait brûler vif...

À propos

Lancé en 1908 sous le patronnage d'A. Bedouce, député SFIO, Le Midi socialiste était un quotidien de gauche édité à Toulouse. En 1910, Vincent Auriol en devient le rédacteur en chef. Malgré ses vélléités de grand quotidien régional, Le Midi socialiste se vendait essentiellement dans Toulouse même, où son tirage était par ailleurs relativement faible.

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