Extrait du journal

ANS son discours radiodiffusé, notre ministre des Finances a fait mousser les mesures qu’il aurait soi-disant prises pour la répression de la fraude. N’est-ce pas plutôt le contraire qui est vrai 7 Les gouvernements de front populaire avaient agi contre une fraude habituelle chez les possédants : la dissimulation des valeurs mobilières, surtout au porteur, pour l’impôt général sur le revenu et l’impôt sur les suc cessions. Des textes impératifs avaient prescrit aux ban ques d’aviser les services des Finances des coupons tou chés et de communiquer leurs documents qui en détail lent la nature; les services du ministère ont fait exécuter la loi, et fait prendre au fur et à mesure des besoins les textes nécessaires pour pallier aux lacunes et vaincre les résistances. Est-il vrai que depuis le début de la réaction finan cière instaurée par le ministère actuel, les cinq grandes banques ont fait échec à la loi et refusé de se soumettre au contrôle, par des arguties concertées 7 Est-il vrai que les services du ministère, au lieu, comme ils l’ont fait en 1937 et 1938, de faire promulguer immédiatement un texte destiné à couper court et mettre les puissances d’argent à la raison, ont HUMBLEMENT proposé de demander aux banques un arrangement, c’est-à-dire leurs conditions, en faisant valoir certains services que le ministère leur au rait rendus 7 Est-il vrai que dans un document sorti de l’Imprime rie nationale, l'administration de la rue de Rivoli’a pres crit de ne pas insister vis-à-vis des banques récalcitran tes 7 N’y a-t-il pas carence du ministère des Finances, alors que force devrait rester à la loi ? Une porte à la fraude n’est-elle pas ainsi ouverte toute grande depuis l’arrivée au pouvoir de M. P. Reynaud ? Alors que pleuvent les feuilles d’impôts, pour des chiffres de plus en plus élevés, écrasant les travailleurs et que notre grand argentier nous parle complaisamment de ses mesures pour enrayer la fraude, pourquoi ne nous parle-t-il pas de celle-là ? Est-il enfin exact que ses services, depuis quelques mois, cèdent devant les fraudeurs et les banques ? Entre des affirmations lancées par la radio à tons les vents, et des faits précis, des mesures déjà prises ou qu’on est en train de prendre, que devons-nous croire, M. Reynaud ? LAMBIN....