Extrait du journal

Un Lambin de mes amis, que je venais de trouver en contemplation devant un nid d’hirondelles construit dans l’embrasure d’une fenêtre, m’a dressait un jour cette question sin gulière : — il y avait donc bien des fenêtres à la maison d’Adam et Eve? Et comme je lui demandais les rai sons de sa demande : — Dame! me répondit-il, puisqu’ils étaient tout seuls dans le paradis terrestre, les hirondelles n’avaient que les fenêtres de leur maison pour mettre leurs nids ! Sous son apparence puérile, la réflexion était de bon sens ; la logique implacable de reniant mettait une théorie d’histoire naturelle eu déroute. Nous sortirons du paradis avec nos premiers parents, si vous le voulez bien, laissant l’ange à l’épée flam boyante se morfondre dans sa faction à la porte. Nous retrouverons les hommes des premiers âges habitant les troncs d’arbres, des anfractuosités de ro chers, puis sous des tentes ; à cette époque évidemment les hirondelles de fenêtres, de murailles, de che minées, ne pouvaient pas manisfester les prédilections qui devaient servir plus tard à les caractériser. Si ces variétés ne sont pas des branches détachées du rameau principal, qui pourrait être Vhirundo rupestrïs, es pèce qui vit dans les gorges des montagnes et ne dépasse guère la région méridionale, il se sera opéré chez elles une déviation, sinon de l'instinct, au moins des habitudes ; aux temps primitifs elles devaient, comme la dernière, nidifier sous les saillies de quelques rochers, à l’abri des branches maîtresses de quelques gros arbres, et se montrer médiocre ment jalouses de notre voisinage,...