Extrait du journal
pousse des chênes sur la terre de Bretagne, i depuis que les alouettes chantent et que la mer bat le rivage, là-bas, derrière Tioëneur. Oh là! mes amis, mes parents, dites, quand reverrat-on quelque chose de semblable? Jamais, enfant, jamais qu’au ciel où l’on retrouve avec des couronnes d’or tous ceux que l’on croyait perdus. — De la vieille à l’enfant, de l’enfant à la vieille, tous les gens de Plouédic crient : Amen! Te Deum ! Gai les Bretons ne savent pas oublier. — Ecoute, tille des Rosmeur, écoute je t’en prie. Où te cachais-tu, Seigneur Dieu ? pendant que tes Bretons pleuraient? Pourquoi, durant vingt ans passés, leur as-tu été si cruelle ? Ils baisaient jusqu’aux pierres qui portaient le nom de tes pères. Pendant que les Bretons pleuraient et disaient : « Il n’y a plus de Rosmeur, il n’y a plus de Rosmeur dans ce monde » ô cruelle ! où te cachais-tu ? — Je ne fus pas cruelle, non je ne fus pas cruelle, mes Bretons, ne m’accusez pas. Mais j je suis une fleur de la montagne, mais je suis | une fleur du désert et les fleurs du désert | attendent toujours dans le silence qu’un ange , vienne les cueillir. j — Voici que bien loin, bien loin, sur la terre étrangère, de la tombe de FrançoisI Philippe, le bon seigneur de Plouédic ; de la tombe du marquis de Rosmeur, il est sorti un chêne, et puis encore un chêne, et puis une belle fleur. Les chênes sont tombés, l’un au I soir, l’autre à moitié du jour pendant que la • fleur croissait sous le regard de Dieu. Mais \ elle était une fleur de la montagne, mais elle était une fleur du désert et les fleurs du désert attendent toujours dans le silence qu’un ange viennent les cueillir. Hélas ! que le spectacle est affreux à voir ! Le chariot de la mort roule dans Plouédic. B a la peste pour cocher. Oh là ! comme il va vite ! il écrase nos cœurs en passant. Nos amis, nos parents s’échappent de nos bras pour courir y prendre place. A peine a-t-on le temps de crier Miserere! qu’il faut s’interrompre et sangloter : De Profundis ! — Le marquis François-Philippe avait en seveli un lépreux, au risque d’en mourir, doux Jésus ! Voici que sa fille et celle qu’elle nomme : « Ma sœur », en ont enseveli trente, trente...
À propos
Fondé en 1831, Le Nouvelliste de Bellac était un journal de la Haute-Vienne. Il disparaîtra plus de cent ans plus tard, en 1942.
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