Extrait du journal
L'année et les répiilcains Eprise toujours des choses militaires, la France depuis plus d’un mois, as siste avec une orgueilleuse satisfaction au triomphe pacifique de ses armes. Sa flotte vient d’être fêtée dans toutes les mers, et les regards de l’Europe entière se portent, maintenant, vers les plaines de la Champagne où évoluent nos ba taillons.. Il y a là comme une sorte de re vanche morale de nos désastres an ciens, et notre front se relève, et nos cœurs battent plus vite au spectacle réconfortant de nos corps de troupes résolus et animés d un joyeux entrain. Non, la France n’est pas morte, et ce qui l’empêche de mourir, c'est juste ment la nécessité constante de surveil ler ses frontières de l'Est. C'est la guerre néfaste, c’est la défaite, qui a réveillé dans ce pays les vieilles vertus militaires qu’une prospérité trop longue avait assoupies. Grâce aux exigences de la paix armée, la France conserve un peu de son esprit martial d’autrefois, et si quelque virilité subsiste encore en elle c’est grôce aux soldats qu’elle le doit. On l’oublie trop. Que deviendrionsnous si chaque citoyen valide n’étaitappelé à passer par la caserne ? Déjà, en dépit du deuil que nous voulons religieusement observer jus qu’aux jours delà Revanche Nationale, des éléments trop nombreux de cor ruption et de scandale se développent dans le pays. La vente fructueuse de dessins licencieux, de livres hardis ; la recherche des mots épicés, des chan sons graveleuses, fournissent un in quiétant symptôme du sourd travail qui se produit dans les masses dé christianisées et livrées à elles-mêmes. Les trois ans du service militaire exercent une bienfaisante influence sur l’homme, quel qu’il soit. Et cette influence est telle, qu’on ne peut que regretter la réduction du service actif. Le Français, naturellement indisci pliné, apprend à obéir en passant par le rang. Il y apprend aussi qu'il est français, qu’il a des devoirs envers son pays. L’adolescent irrespectueux et dé braillé, le gavroche éhonté, sortent transformés de la caserne. La marine leur est encore plus bienfaisante, car la discipline y est plus rigoureuse. Certaines natures demandent à être domptées. Si le service de cinq ans était rétabli, et si l’on ne favorisait pas, en haut lieu, le mépris de la hiérarchie; si on laissait aux chefs l’initiative né cessaire, on n’aurait pas autant à re douter un bouleversement social. Mais quoi I avec une inconscience qui confine à l'aberration, nos gou vernants affaiblissent de gaîté de cœur la seule garantie de l'Ordre. Loin d’augmenter le prestige de l’officier, de faire aimer au peuple la carrière militaire, on diminue journellement les prérogatives du chef, on tolère la publication de livres fâcheux à tous les points de vue. Il y a, maintenant, toute une biblio thèque de volumes autrement dange reux et déprimants que les romans agrestes d’Erkmann-Chatrian. Les plus secrètes misères de la caserne y sont étalées en vedette, et les silhouettes des chefs, depuis le caporal jusqu'au commandant de corps, se meuvent dans l’odieux ou dans le ridicule. Et non seulement le pouvoir, par non apathie, devient le complice de ces efforts pour ruiner dans l’esprit public l’état militaire, mais encore il prend lui-même une part active à la démoli tion de la seule force sociale qui nous reste encore. Le mois dernier, à la distribution des prix du concours général, dans le...
À propos
Le Petit caporal était une feuille politique financé par le parti bonapartiste L'Appel au peuple et dirigée par François Perron. En 1877, choquées par la violence des propos de celui-ci, les autorités du parti confièrent la direction à un homme moins turbulent, Jules Amigues. Le journal, affichant pendant plusieurs décennies des tirages à quelque 20 000 exemplaires, fut publié jusqu'en 1923.
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