Extrait du journal

veut bien le dire, et que ses informations ne seront pas confirmées par l’événement. M. Thiers a souvent dit qu’il ne lui appar tenait pas de soulever des questions consti tutionnelles ; il l’a même répété plus d’une fois dans ces derniers temps ; il n’y a pas lieu de penser qu’il ait changé d’avis ces jours-ci. 11 est certain que son message con tiendra l’expusé de la politique suivie et des mesures prises par le gouvernement pen dant les vacances législatives. Il n’est pas à supposer qu’il contienne rien de relatif aux questions dont il s’agit. Le journal le Temps fait les réflexions suivantes sur l’état des esprits en France, dans ce malheureux pays qui déjà a été t»nt éprouvé par la guerre et par les dis sensions : « Nous voudrions essayer ce que peut un mot de simple bon sens, une parole adressée à ce qui reste dans les cœurs d’amour pour notre pauvre pays. « Nous sommes effrayés, nous l’avouons, de l’état des esprits tel qu’il se traduit dans la presse. Ce ne sont partout qu’attaques violentes ou perfides. Tous les partis sem blent d’accord pour courir sus au gouverne ment et s’exciter à le renverser, quitte à s’en disputer ensuite le^dépouilles. « Les légitimistes, irrités de voir fuir leurs espérances monarchiques, oublient qu’ils sont de profession des hommes d’or dre et de conservation. « Les radicaux, toujours sectaires comme jadis, toujours à cheval sur les grands mots et les principes absolus, oublient que nous tenons aujourd’hui cette république pour la quelle ils ont si longtemps combattu, et ils semblent n’avoir qu’un souci, celui de la compromettre et de la perdre comme en 1848. La république n’est plus la république à leurs yeux, du moment qu’ils n’en diri gent pas les destinées. « Quant au bonapartisme, ce n’est pas à lui que nous nous adressons. Nous savons trop bien que nous n’avons pas d’argument à son usage. En cherchant à tout pousser au pire, il ne fait que son métier. Sa seule chance, il ne l’ignore pas, c’est l’imminence du péril national, c’est la dissolution de la société, et il y pousse avec un entrain infer nal. Son programme d’action est tout tracé : semer la défiance et le désordre en se plai gnant que la confiance manque et que l’or dre n’est pas assuré, puis, sans doute, quand les esprits seront suffisamment ébranlés et découragés, essayer de la descente comme à...