Extrait du journal
garde ; mais laissons les factionnaires eux-mêmes, pour ne nous inquiéter uniquement que de deux d’entre eux, qui semblent ou blier de plus en plus l’annihilation nationale que commande la con signe militaire, et qui par leur altitude, par leur allure, révèlent au contraire une préoccupation, une pensée, une passion toutes per sonnelles. • Le premier est un simple soldat de la ligne, un vulgaire fantas sin. un modeste tourlourou, qui, la tête penchée sur la poitrine, la démarche lente et triste, le regard voilé de larmes péniblement contenues, songe, sans aucun doute, à son village qu’il n’a quitté qu’à regret... à sa chaumière, à sa famille, vers lesquelles il aspire à celle heure de toutes les forces de son âme... Qui sait, peul-élrc à sa fiancée qui sera morte de douleur, ou dont il tremble de ne plus retrouver l’amour ! L’autre sentinelle, au contraire, marche à grands pas heurtés, brisés, saccadés. C’est un jeune et brave zouave, qui porte haut son turban vert, qui mâchonne furieusement sa longue moustache rousse, et qui, les points crispés, le regard flamboyant, la respi ration presque rugissante, semble en proie à une sourde exaspé ration contre lui-même, à une terrible et poignante souffrance, à un étrange désespoir, à une sorte de remords — Pauvre garçon ! murmura-t-il effectivement après un regard attendri vers le factionnaire attristé que nous avons dépeint tout d’abord. Pauvre Etienne Lambert!... Il en mourra, c’est cer tain. . Et par contre-coup, ma pauvre sœur aussi... ma pauvre petite Catherine !... Puis, le père en troisième, ça va sans dire... Et tout ea, par ma faute, à moi !... Gredin, va ! Misérable!..” Ah ! triple assassin que je suis ! Et il se remit à tourner au somme) de la colline avec plus de folle fureur que jamais, avec la vraie rage impuissante des lions captifs dans leurs cages de fer. Etienne Lambert poursuivait de son côté sa faction désolée morne, muette. Pas tout à fait cependant. Il vient une minute plus douloureuse encore que les autres, et la brise algérienne apporta tout-à-coup a I oreille du zouave le bruit ctouflc d’un sanglot. Celui-ci s'arrêta vivement pour la seconde fois, jeta vers le pauvre fantassin un second regard navré, parut prêt à céder à j excès de son repentir de la même façon que l’autre venait de céder à l’excès de son chagrin... Mais se ravisant lout-à-coup, et avec une nouvelle et farouche brutalité : — Après tout, dit-il, ce n’est pas seulement ma faute, à moi... G'çsl bien plutôt celle de mon père I...
À propos
En 1841, Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine prend temps la suite de la Feuille d'affiches, petite gazette spécialisée dans les annonces et les avis divers du village de Bar-sur-Seine, dans l'Aube. Devenu titre hebdomadaire – puis bihebdomadaire à partide de 1885 –, le journal disparaîtra en 1916.
En savoir plus Données de classification - etienne lambert
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