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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine, 4 février 1916

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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine
4 février 1916


Extrait du journal

LES ZEPPELINS sur la France et sur l’Angleterre Le dessein de l'Allemagne se développe. Après les raids sur Epernay et Paris, elle dirige contre l’Angleterre une véritable ex pédition. Ce n’est pas moins de six ou sept Zeppelins qui, d’après la note ollicielle bri tannique, se sont répandus sur les comtés du nord-est et du centre, et ont essayé d’y semer la terreur avec la destruction. Depuis le 19 janvier 1915, c’est la vingttroisième incursion de dirigeables alle mands. Londres a subi trois bombarde ments. Bien que l’on n’ait encore aucun détail, on peut supposer que la capitale a été le grand but visé. Le bombardement du 13 octobre avait éléle plus ellicace. Les Allemands signalèrent avec satisfaction des incendies et des maisons détruites en plein cœur de Londres. La statistique an glaise inscrivit tant pour la ville que pour les comtés attaqués 50 morts et 114 blessés. Le principal but de celte expédition était moins de défigurer Londres que de faire chanceler la résolution britannique. L’effet produit fut tout le contraire du calcul allemand. L’Angleterre voyait la guerre chez elle, face à face. Son élan en fut doublé, le sang des victimes cria avec plus d’éloquence que les plus entraînants orateurs publics et tout Anglais sentit que la guerre devenait nationale, était aussi sa guerre à lui. On sait le magnifique effort qui a suivi. L’attaque de mardi accentuera encore ce sentiment, le fera entrer jusqu’au plus pro fond de l’ûme populaire et dans les con sciences particulièrement scrupuleuses qui ont encore hésité entre deux devoirs. Nous souhaitons de loul cœur qu’il n’ait pas fallu trop de meurtres d’innocents pour dis siper ces dernières illusions. L’expédition d’Angleterre est une preuve encore de ce que nous disions : il n’est pas plus possible d’empêcher une attaque par l’air, de nuit et dans certaines conditions atmosphériques, qu’il n’est possible de se garer d'un sous-marin. Il régnait sur l’An gleterre un brouillard intense; Londres, dit le Daily Mail, avait dû s’éclairer tandis que, parles nuits claires, l’énorme ville prend soin d’éteindre ou de couvrir ses feux. Il n’est pas douleux que le service de vigilance ail fait bonne garde, surtout après l’attaque de Paris. Patrouilles et projec teurs ont été impuissants à percer le voile upaque à travers lequel l’escadre a évolué comme elle a voulu, à l’aide de ses instru ments de direction. Personne n’est maître des conditions at mosphériques. Tout le monde est maître d’en user pour l’attaque comme l’ont fait les Allemands, comme ont su le faire les Anglais et nous mêmes en maints raids que l’ennemi n’a pas oubliés et qu’il ne peut nous empêcher de renouveler. Le dessein des Allemands semble bien être de faire avec la Hotte aérienne ce qu’ils ne peuvent risquer avec leur Hotte qui reste prisonnière dans ses retraites baliiques. On avait parlé de Zeppelins nouveaux, plus armés, plus aptes à l’offensive que les navires aériens employés aux raids précé dents. Les Zeppelins-de Paris, l’escadre de Londres sont-ils de ce nouveau type qui ferait ses premiers essais Y On n’a pas en core les indices qui permetteAlde conclure. Mais il est certain que l’ennemi considère les opérations de l'air comme une guerre spéciale, et qu'il attend beaucoup de ces olïcnsives que rien ne peut empêcher. Dès lors, nous savons ce que nous devons faire. Offensive que rien ne peut empêcher dit tout en un mot. Soit isolément, soit en liai son avec nos amis anglais, nous porterons l’attaque sur les points sensibles, au delà du Bhin. L’Allemagne nous reverra. *** Une troisième tentative dans la direction de Paris a été arrêtée net. La nuit de lundi à mardi s’est écoulée à Paris dans le calme le plus absolu. Les Parisiens s’attendaient bien, cependant, à une troisième visite des Zeppelins, visite qui ne s’est pas produite. Pourtant, peu s’en est fallu qu’une troi sième fois les pompiers ne parcourussent la capitale, donnant l’alarme. Un aéronef ennemi fut en effet signalé vers neuf heures du soir, évoluant au-des sus des lignes allemandes. Nos guetteurs de la région de Compiègne le signalèrent immédiatement. Le dirigeable prenait la route de Paris, mais découvert bientôt par quelques uns de nos projecteurs, il jugea plus prudent de rebrousser chemin et rega gna son hangar. Pendant ce temps, le gou vernement militaire de Paris avait été averti, et les mesures furent prises pour donner l’alarme à la population. On n’eut toutefois pas besoin de le faire, car tandis qu’on s’apprêtait à donner les instructions nécessaires à la préfecture de police, on reçut l’avis que tout danger immédiat était écarté. La composition des bombes du raid de samedi On sait que toutes les bombes lancées par les Zeppelins n’ont pas éclaté. Le labo ratoire municiqal efi a examiné; lundi trois...

À propos

En 1841, Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine prend temps la suite de la Feuille d'affiches, petite gazette spécialisée dans les annonces et les avis divers du village de Bar-sur-Seine, dans l'Aube. Devenu titre hebdomadaire – puis bihebdomadaire à partide de 1885 –, le journal disparaîtra en 1916.

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