Extrait du journal

Dans les heures douloureuses et tra giques que nous traversons, c’est une grande responsabilité de prendre la pa role, mais c’est peut-être une responsa bilité plus grande encore de se taire, et de ne pas dégager des événements les leçons impérieuses et sévères qu'ils com portent. Le Midi est en proie à une crise ter rible : le jour n’est pas venu de recher cher s’il était en notre pouvoir de la pré voir et de la conjurer. Quelles sont les individualités ou les collectivités dont la souffrance fut toujours exempte de toute responsabilité ? La douleur humaine est sacrée. Elle doit être entendue et traitée avec respect. La situation du Midi n’a été envisagée ni avec les égards, ni avec la logique, la réflexion et le sang-froid qu’elle compor tait. Aux encouragements excessifs et décevants du gouvernement, ont succédé tout à coup les arrestations et les dra gonnades. Le désordre est né de ces con tradictions, et non d’autre chose. Mais l’incohérence éclate encore plus dans ce fait que tous les levains de l’in discipline et de la mutinerie, avec tous les inconvénients du recrutement régional, ont été mis en mouvement par un emploi inconsidéré de la force armée, alors que depuis quinze jours les incidents du 100° avaient mis en éveil l’opinion et les pou voirs publics. Ces faits représentent l’élément le plus grave de nos malheurs ; ils sont, pour nos préoccupations patriotiques, la phase la plus redoutable de cette poussée d’anar chie. Tout le monde sera désormais d’ac cord pour admettre que le recrutement régional, funeste présent du général André, doit être condamné et que l'antimilitarisme est un crime de lèse-patrie. C’est ainsi que les gouvernements in conséquents produisent successivement tous leurs fruits, et qu’apparaissent tout à coup les ravages qu’ils apportent dans la vie nationale. Aussi bien, ces événements du Midi sont la synthèse de notre politique de faiblesse et d’imprévoyance de ces der nières années. Les destinées du pays ont été livrées à des politiciens professionnels protecteurs et protégés de la fraude, ne veillant qu’à l’impunité de leur clientèle et à la persécution de leurs adversaires. Appelant à leur aide le népotisme et la corruption des administrations et de la justice, ils ont fait peser sur leurs malheureux fiefs électoraux, une atmo sphère irrespirable. Ceux-ci ont fini par se soulever, réclamant l’égalité devant la fraude, non pas pour que tout le monde puisse frauder, mais pour que la fraude ne continue pas à être le scandaleux privilège d’une camarilla aussi puissante que méprisée. Ce n’est pas pour arriver à de pareilles catastrophes et à de telles aberrations morales que nos devanciers ont fondé la République. Aujourd’hui, le mal est apparu dans toute sa laideur et dans toute son éten due. Ce n’est pas le moment de se décou rager : il faut le guérir. Il y a longtemps que nous le dénon cions et qu’on ne voulait pas nous croire. Nos adversaires nous traitaient de caTomniateurs, nos amis nous trouvaient quelquefois un peu excessifs. C’était pour eux un prétexte commode à l’indifférence et à l’inertie. Comment le corps électoral peut-il ap porter sa part d’efforts à cette œuvre de reconstitution de l’âme nationale et de la fortune publique ? Il ne doit pas seulement répudier les fauteurs de désordre, les prêcheurs de sabotage, d’incendie, de pillage et de ty rannie collectiviste : il faut aussi qu’il se mette en garde contre ces révolutionnaires déguisés, si dangereux et si perfides, qui trompent sa confiance et trahissent leur mandat. Parcourez les affiches des dernières...