Extrait du journal

Comme pas plus les États que les particuliers ne peuvent vivre de l’air du temps, il va fal loir que la Chambre, laissant en plan l’impôt sur le revenu, vote cette semaine les quatre bonnes vieilles contributions, qui fonctionnent si bien, avec une si grande régularité, et nous donnent si souvent de si grosses augmenta tions de recettes. Elles offrent encore un avan tage, ces quatre contributions, avantage im mense : elles existent et depuis longtemps. Or, tout est là ; le bon impôt est celui que le con tribuable a pris l’habitude de payer. La nécessité de voter des recettes aussi cer taines, aussi exemptes d’aléa, semblera dure sans doute aux fumistes qui nous jouent la comédie de l’impôt sur le revenu. Mais ils auront une ressource suprême pour sauver la face. Ils pourront déclarer avec un air de circonstance qu’ils votent « la mort dans l’àme ». Cette littérature produit toujours de l’effet. Quand un député vote la mort dans la me, toutes les sottises et, au besoin, toutes les in famies lui sont pardonnées. D’ailleurs, les votants seront libres d’ajouter que c’est la dernière fois qu’ils donnent leur voix pour autoriser la perception des quatre contributions. Voilà dix ans, quinze ans peut-être qu’ils le disent. Dans dix ans, dans quinze ans, ils le diront encore, et tout sera pour le mieux, car il est préférable de dire des bêtises que d’en faire. Aussi bien le pays, cette fois, a commencé à comprendre qu’on se moque de lui et que l'impôt sur le revenu est un simple bateau destiné à la réclame électorale. N’ayant au fond jamais réclamé cette innovation, il lui était parfaitement indifférent de ne pas la voir aboutir. Maintenant, sachant ce qu'elle vaut, il sera très content si elle n’aboutit jamais. Donc, que les députés votent sans crainte les quatre contributions, avec ou sans la mort dans l’àme ; l’important est qu’elles soient votées. — H. Harduin. Le mouvement préieetoral M. Tenot, préfet de la Haute-Savoie, qui devait aller à Perpignan, reste, sur sa demande, à Annecy. C’est M. Du pré, préfet des Basses Alpes, qui va aller dans les Pyrénées Orientales ; il permutera avec M. Dautresme, actuelle ment préfet à Perpignan. D’autre part, M. Liegey, prefet de 1 Indre, est appelé à d’autres fonctions. 11 est rem placé par M. Schmidt, administrateur du territoire de Belfort....