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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine, 9 mars 1855

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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine
9 mars 1855


Extrait du journal

LES DEUX SOEURS (U. RÉCIT DE LA VIE INTIME. Une autre que Marguerite se fût lamentée et eut désespéré de ramener sa jeune maîtresse à la raison cl à l’aclion. Mais Mar guerite avait l’expérience de ses soixante ans ; elle avait traversé la douleur, ce lac brûlant qui trempe l’âme comme est trempé l’acier, lorsque l ame peut résister à son action terrible. Elle sa vait, la vieille servante, qu’il n’y a dans le cœur qu’une certaine dose d’énergie sombre, dans les yeux qu’une certaine mesure de larmes ; elle se liait au temps, le suprême réparateur. Loin donc de heurter les idées d’EslIier, elle s’y associait. Si la jeune lillc désirait garder le silence, Marguerite ne soufflait mot, car elle aussi savait combien la tristesse est ombrageuse. Parfois un nom se posait sur les lèvres d’Eslher ; mais à ce nom se liait un regret, comme si dans celte existence encore au début, il ne devait y avoir que des amertumes et des absences irréparables. — Charles... murmurait-elle, en passant sa blanche main sur »on front pâli ; 6 Charles, vous m’avez abandonnée !.. Sur ce sujet, Marguerite essayait des consolations au fond inu tiles. — C’est vrai, disait-elle, que M. de Neuville a quitté Stras bourg ; mais il le fallait bien... un militaire se doit à son régi ment; ça 11e badine pas, le service. M. Charles a donc changé de garnison parce qu’il ne pouvait faire autrement. — O ma bonne Marguerite, tu veux m’inspirer des illusions. L’amitié de M. Charles était sans racines, elle a été sans durée. Le brillant otlicicr a eu peur de trop s’engager vis-à-vis d’une jeune tille pauvre. Telle est sans doute la raison pour laquelle il a cessé de nous donner de scs nouvelles depuis son départ. Ah que nenni ! Il y a tant de raisons qui empêchent qu’on n’écrive. Peut-être a-t-il été malade ; est-ce qu’on sait ? Et puis, mademoiselle, ce n’est pas à lui qu’il faut penser. 11 ne vous avait rien promis, n’esl-cc pas? — Rien, absolument rien, répondit tristement Esthcr. _ Alors, vous êtes quittes. Une connaissance comme ça, qu’est-ce que c’est dans la vie? On se voit, on cause, on fait un peu de musique ensemble, puis c’est fini. Ça se voit tous les jours ; Ji) Voir notre dernier numéro,...

À propos

En 1841, Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine prend temps la suite de la Feuille d'affiches, petite gazette spécialisée dans les annonces et les avis divers du village de Bar-sur-Seine, dans l'Aube. Devenu titre hebdomadaire – puis bihebdomadaire à partide de 1885 –, le journal disparaîtra en 1916.

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