Extrait du journal
C’est toujours — au lendemain, surtout des distributions de prix, — la question du rôle de l’instituteur et, partant, de l'avenir de l’école laïque, qui se pose. M. Briand vient d’en traiter éloquemment à Besan çon. On connaît, sur ce sujet, les idées de M. le Ministre de l'Instruction publique. Il les a exprimées en maintes circonstances, no tamment dans un récent débat engagé au Palais Bourbon. Elles sont très sages, et elles ne prêtent à aucune équivoque. M. Briand entend que l’instituteur dans sa classe, ne fasse pas de politique. « Votre « école, lui dit-il* à Besançon, n’est pas « une chose à vous, dont vous pouvez dis« poser comme d’une salle de réunion pu« blique. C’est la nation qui vous la donne « pour que vous exerciez vos fonctions « d’une façon sincère et loyale, et non pour « la mettre au service de vos idées parti« culières, quand elles se dressent contre « l’ensemble des idées qui font la nation. « Vous n’avez pas le droit de faire cela : « si vous le faites, vous n’êtes pas un hon te né te homme ». Mais ce n’est pas tout. Même hors de la classe, l'instituteur n’a pas le droit absolu de parler et d’agir à sa guise. Sans doute, il peut avoir telles opinions qu’il lui plaît d’adopter; mais il ne doit les faire valoir qu’avec « une certaine réserve »; sinon le père de famille, « qui le verra sur le tré« tcau la bave à la bouche, ne voudra pas « confier son enfant à l’école publique ». Quant au droit d’association, le gouver nement le reconnaît volontiers aux fonc tionnaires de l’enseignement primaire, mais à une condition : c’est qu’ils ne pré tendent pas s’en emparer « pour se livrer « à une sorte d'agression contre la nation, « pour faire la loi au pays, pour primer « les représentants du suffrage univer« sel ». Ce sont là de très fermes, de très utiles avertissements, et rien n’est plus facile aux instituteurs que d’en faire leur profit. Pour se conformer aux conseils de leur mi nistre, pour bien remplir leurs fonctions, ils n’ont nul besoin d’être des prodiges de science, d’intelligence et de délicatesse. M. Briand leur a donné à entendre que pour être un maître d'école parfait, il fau drait être un « surhomme ». C’est une survivance un peu inattendue, de ce langage dont on usait naguère volon tiers en parlant aux instituteurs, et qui a eu pour effet assez naturel de leur tourner la tète. Non, il n’est nullement nécessaire que les instituteurs soient des hommes ex ceptionnels, il leur suffit d’être de braves gens, instruits, consciencieux, modestes, sûrs d’être récompensés pour leurs services professionnels et de ne l’être que pour ceuxlà, protégés contre la politique et contre les tentatives mauvaises par la fermeté et la justice de leurs chefs. M. Briand est convaincu que la grande majorité du personnel des écoles primaires est attachée à ses devoirs, sourde aux conseils des agitateurs, des insoumis, des révolutionnaires. On n’entend que ceux-ci, dit-il, parce qu’ils sont plus actifs. C’est une judicieuse opinion. La détestable pro pagande qui se poursuit parmi les institu teurs n’a pas encore fait un très grand nombre de prosélytes. Mais est-ce à dire qu’elle soit inoffensive et qu’il n’y ait, pour la réprimer, rien de plus à entreprendre que les mesures trop bénignes dont nous avons été témoins?...
À propos
En 1841, Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine prend temps la suite de la Feuille d'affiches, petite gazette spécialisée dans les annonces et les avis divers du village de Bar-sur-Seine, dans l'Aube. Devenu titre hebdomadaire – puis bihebdomadaire à partide de 1885 –, le journal disparaîtra en 1916.
En savoir plus Données de classification - briand
- voyer
- müller
- lebaudy
- bois
- caséro
- maroc
- chicago
- patrie
- rambouillet
- alsasua
- bar-sur-seine
- new-york
- hendaye
- algérie
- estepa
- la république
- western union
- journal officiel
- delmas
- compa
- école publique