Extrait du journal

— Je dis que sa position ici peut, après tout, prêter à la critique... je la marie... Edouard fit un soubresaut. — Eh bien! qu’est-ce?... ou dirait que tu es assis sur une plaque de tôle rougie. — C’est l’étonnement... Tu dis donc que tu la maries... mais en as-tu le droit? car enfin elle n’est pas ta fille, et tu disposes de sa main, peutêtre sans son consentement; c'est grave, trèsgrave... ce n’est pas chose légère que le mariage., car enfin... d’ailleurs ça s’est vu... — Ah ca, qu'est-cc que tu me chantes là? Est-ce que Georgetie n'est pas orpheline?.. Est-ce que je ne suis pas libre de la doter?.. Sois tranquille, ta part n’en sera pas plus petite. — Oh! mon père, s’écria Edouard vivement, comment pouvez-vous supposer de pareils senti ments? — Non, mon cher enfant, je sais que tu as un cœur excellent, et que tu approuveras tout ce que je ferai pour Georgetie! — Oh! certainement. Du côté de la fortune, d’ailleurs, elle est ma sœur. — Le jour de son mariage, elle trouvera cent mille francs dans sa corbeille... c’est toi qui les lui remettras. — Certainement. Et mademoiselle Georgetie sait-elle? — Que je veux la marier?.. Pas le moins du monde ; c’est une idée à moi, une idée qui m’est venue et que je rumine depuis le lendemain de son arrivée ; je me suis dit : Voilà une charmante enfant qui rendra un homme bien heureux. — Ah ! oui. — Elle .est douce. — Comme un agneau. — Docile. — Comme un ange. — Pieuse. — Comme une sainte. — Tu vois bien qu’il faut la marier......