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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine, 21 septembre 1855

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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine
21 septembre 1855


Extrait du journal

Dimanche matin, les tambours de la compagnie de sapeurs-pompiers de notre ville battant le réveil, les clo ches sonnées à grande volée, annonçaient aux habitants que ce jour était consacré aux réjouissances publiques. On devait célébrer la chute do Sébastopol, ce rempart de la puissance moscovite derrière lequel la flotte russe se tenait enfermée, n’osant se montrer aux escadres alliées qui la retenaient prisonnière. A dix heures, les autorités et tous les fonctionnaires revêtus de leurs uniformes se réunissaient à la sous-pré fecture, pour se rendre à la messe où un Te Deum d’ac tions de grâces devait être chanté en l’honneur de la bril lante victoire que notre brave armée d Orient et leurs valeureux alliés venaient de remporter. La compagnie do sapeurs-pompiers en grande tenue, le sac au dos, musique en tête, arrivait en même temps pour accompagner le cortège. M. le comte Frédéric Du Chatel inaugurait ses fonctions de Sous-Préfet de l’arrondissement de Bar sur-Seine dans un beau jour. M. Bourbonne, maire de Bar-sur Seine, en lui présentant la compagnie de sapeurs-pompiers, a profilé de celte heureuse circonstance pour lui adresser les pa roles suivantes : * « Monsieur le Sous Préfet, » Je vous le dis en toute sincérité, dans ce jour de » bonheur et d’allégresse pour la France, je suis heureux, » lier en même temps de me trouver pour la première fois » avec vous à la tôle de cette belle compagnie, de cette » jolie et bonne musique des sapeurs pompiers de cette » ville. » Je dois vous le faire savoir, c'est à la bienveillante » et généreuse intervention de M. le Préfet et de M. <* Maillet fils, l’un des ofliciers que je viens d’avoir l’honneur » de vous présenter, que cette compagnie doit la bonne te» nue, le pied militaire que vous lui trouvez des votre » début dans ( arrondissement que la confiance de l’Empe» reur vient, à notre grande satisfaction, de vous appeler à » administrer. » Cette compagnie, vous l’apprendrez assurément avec » plaisir, est, comme au reste l’arrondissement tout entier, » animée d’un excellent esprit : on la verrait toujours trés» dévouée et très empressée avenir au secours do la pro» priétô et de l’ordre menacés ; toujours elle obéirait mili» tairemvnt et sans commentaire à la voix do 1 autorité » et do scs chefs. » Pompiers, » Nous avons tous dans les rangs de notre héroïque » armée d'Orient, des enfants, des frères, des neveux et » des amis. Dieu qui dispose do tout nous permettra de » les revoir. Il les aura fait sortir sains et saufs de la n grande lutte dans laquelle ils viennent de triompher » si vaillamment de leurs nombreux et puissants ennemis. » Leurs immenses et merveilleux succès relèvent enfin » la France de ses humiliations de 1815. » Nous redevenons donc la grande nation, et l’auto» cratc du Nord ne peut plus aujourd'hui, dans ses ré» voilants manifestes, nous jeter a la face nos tristes dé» sastres de 1812. » Mes amis, crions ensemble : Vive l'armée d'Orient! n Vive l Empereur ! » Cette allocution fut suivie des acclamations chaleureuses de : Vive l’armée d’Orient! vive T Empereur! La musjque des pompiers répondit à ces acclamations par l’air favori : Partant pour ta Syrie. Le cortège se mil ensuite en marche pour se rendre à leglise.où se trouvaient déjà réunis tous les membres du tribu nal en costume. Pendant la messe, la musique des pompiers joua différents morceaux qui furent écoutés avec plaisir. Ensuite, un Te Deum fut chanté, pendant lequel la musi que militaire s’alterna avec les orgues et les chants reli gieux. A 1 issue de celte cérémonie religieuse, la compagnie de sapeurs pompiers reconduisit M. le sous-préfet et le nom breux cortège qui l’accompagnait. Le soir, notre ville prit bientôt l’aspect le plus animé. Les édifices publics pavoises de drapeaux et toutes les façades des maisons se garnissaient de nombreuses illuminations. Chacun avait imaginé de nouveaux moyens pour faire briller sa joie : les uns avaient illuminé la toiture de leurs • maisons, c’était comme une guirlande de feu qui dessinait la forme du bâtiment; d’autres avaient mêlé avec art des vases de fleurs aux lumières qui faisaient ressortir leurs vives couleurs et leurs variétés. De toutes parts on n’aperce vait que longues guirlandes d’illuminations, des points les plus élevés, du haut du clocher de I église, comme des étages inférieurs. Depuis le sac de Bar-sur-Seine par Fénestrango qui mit à feu notre ville, on n’avait jamais vu Bar briller d'un aussi vif éclat. L’enthousiasme était au comble : la foule des promeneurs, qui avait peine à circuler, était en core forcée de s’arrêter à chaque instant pour contempler les nouvelles surprises qui s’offraient à ses yeux. Mais, parmi toutes les brillantes illuminations qui don...

À propos

En 1841, Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine prend temps la suite de la Feuille d'affiches, petite gazette spécialisée dans les annonces et les avis divers du village de Bar-sur-Seine, dans l'Aube. Devenu titre hebdomadaire – puis bihebdomadaire à partide de 1885 –, le journal disparaîtra en 1916.

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