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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine, 24 avril 1914

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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine
24 avril 1914


Extrait du journal

plus attentive ces avantages si artificiels. Hélas ! elle ne suit, que l’esprit de parti. Elle doit à celui-ci de justifier sans répit la surenchère de promesses par quoi elle a obtenu la prééminence sur les politiques rivales. Pour le réjouir, pour le tenir en haleine, que n'oserait-elle pas ? Elle lui sacrifie jusqu’à la paix publique. C’est une vérité aujourd’hui banale que le radica lisme n'admet pas de dissidence. La tolé rance n'est pas sa règle, ni la mansuétude. Les hommes qui lui font obstacle, il les détruit comme les choses. Depuis trente ans et plus, sa montée est jalonnée de ses victimes. La haine est sa maxime de gou vernement. Il n’en a pas poursuivi seule ment les citoyens signalés à l’opinion par leur supériorité ou par la générosité de leur pensée, il en a effrayé le pays luimême. Une guerre sans merci faite à ses adversaires, passe ! puisque c’est ainsi que nous comprenons la liberté politique. Mais la persécution alla aussi inquiéter des gens paisibles, elle les frappa non seulement pour leurs opinions, mais pour leur indifférence. 0 Saint Just, ce sont tes élèves ! Une secte aussi brutale, toute dépourvue d’imagination et d’âme, devait finir par excéder la France. Elle n’élait parvenue à se maintenir à sa tète qu’en la divisant et en la déchirant. Etouffé sous les dissen sions dont elle vivait, l’esprit public sembla s’abandonner. Parfois il laissait échapper des murmures, mais les politiciens radi eaux les méprisaient. Le voici qui reparaît, et cette fois des symptômes autorisent à croire qu’il va renoncer aux vains gémisse ments pour passer à l’action. C’est qu'il y a urgence, il le sent bien, à se prononcer entre la nation et un parti qui s’en sépare délibérément. Le pays compte les bienfaits dont il est redevable au radicalisme. Ils se résument ainsi : abolition de l’autorité, avilissement des mœurs politiques, dégoût du parlementarisme, déficit, opposition à la défense nationale. De pareils résultats ju gent une politique. Tolérer plus longtemps ses débordements, ce serait déchaîner la tempête sur la République et la patrie. Donc c’est sur la politique radict le et radicale-socialiste, à laquelle les événe ments des quatre derniers mois ont mis un sceau indélébile, qu il appartient aux élec teurs de rendre un verdict conforme au jugement de l’opinion. Les lois libérales de la République ne sont en jeu pas plus que ses lois organiques. L’immense majorité du pays — et elle comprend ces millions de braves gens dont l’existence effacée s’écoule dans l’effort et le labeur — ressent un trop grand besoin de tranquillité pour appeler une révolution gouvernementale. La lutte électorale se circonscrit à un do maine plus limité 11 y s’agit purement et simplement de délivrer la France d’une tyrannie funeste à sa sécurité extérieure et intérieure. On a pu se désintéresser des élections, quoique à tort, tant que les partis se dis putaient sur des questions de théories et de nuances. Les dangers de l’heure ne per mettent plus à aucun Français de se confi ner dans la veulerie. Les intérêts de la patrie sont l'enjeu de la bataille qui se livre entre les candidats en présence. Les uns veulent une politique nationale en même temps que démocratique, celle-là même dont les grands républicains, de Gambetta à Waldeck Rousseau, se firent les défenseurs durant leur noble carrière. Les autres, affolés par l’approche de leur fin, en appellent aux passions basses, ils réveillent les mauvais instincts de la bêle humaine, ils cherchent une fois de plus à entraîner les masses par des promesses qu’ils savent bien être irréalisables ; aux contribuables, ils font miroiter ce rêve : ne plus payer; aux jeunes gens, cet autre plus criminel encore : ne plus servir! Tous voyez bien que la situation ne fut jamais plus grave. Entre la République consciente de ses devoirs envers la patrie et la faction radicale-socialiste, c’est le moment de choisir. (Le Temps.)...

À propos

En 1841, Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine prend temps la suite de la Feuille d'affiches, petite gazette spécialisée dans les annonces et les avis divers du village de Bar-sur-Seine, dans l'Aube. Devenu titre hebdomadaire – puis bihebdomadaire à partide de 1885 –, le journal disparaîtra en 1916.

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