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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine, 28 avril 1914

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Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine
28 avril 1914


Extrait du journal

L’enthousiasme des Parisiens aura dé passé, pour la réception des souverains an glais, tout ce que l’on avait pu observer jusqu’ici. Les initiatives de nos commerçants ne se sont pas seulement donné cours rue de la Paix, où fréquentent les acheteurs de luxe qui s’v donnent rendez-vous de toutes les capitales de l’univers. Elles ont envahi tout Paris et de somptueuses décorations ont transformé la ville pour ajouter à son caractère monumental et éternel quelque chose de passager, de brillant qui est le propre des joies exceptionnelles. C’est une fête qui laissera un souvenir durable dans l’àme du peuple et, espérons-le, dans l’es prit de ses nobles hôtes. A Paris d’ailleurs la rue n’appartient pas, comme dans d’autres grands centres, à ceux qui s’y trouvent jetés par le plus fâcheux des désœuvrements. Dans des cir constances comme celles-ci, c’est toute la bourgeoisie du travail qui s’y répand avec l’idée d’accomplir une mission dont elle ne saurait s’abstenir. Parmi les artisans, du haut en bas de l’échelle sociale, chacun comprend que son devoir et son intérêt lui commandent de manifester ses sentiments. Une démocratie a plus d’action qu’on ne pourrait le croire sur sa politique exté rieure. Il lui est naturellement impossible de prendre part à la discussion du détail des engagements qui la lient, mais elle anime de sa passion les hommes d’Etat chargés de traiter en son nom. C’est si vrai qu’aujourd’hui, malgré le désir que cer tains en auraient, aucun d’eux ne se ris querait à modifier les bases de nos accords ‘eu vue d’un nouveau système d’équilibre où la France gagnerait peut-être beaucoup, fors l’honneur. La participation d’un peu ple aux projets de ses diplomates est le meilleur gage de leur succès. Cette conviction a entraîné les Parisiens. Les spectacles qui leur furent olferts étaient d’ailleurs de ceux qui les séduisent. L’ap pareil militaire a gardé pour eux tout le prestige d’une organisation à laquelle cha que citoyen participe non pas même libre ment, mais de gaieté de cœur. Quand l’armée défile, il n’est pas un Français qui ne puisse se vanter d’y avoir appartenu peu ou prou, et qui n’en tire un légitime orgueil. Cette communion nationale dégage et met en valeur tout ce qu’on pourrait attendre d’un peuple qui place l’esprit de sacrifice à la base de sa morale. Quand le roi d’Angleterre a entendu les applaudissements frénétiques qui, à Vincennes, saluaient nos soldats, il devait sentir que notre pays tout entier a dévoué sa vie même à la défense de la patrie. Il ne s’agissait point d’acclamations égoïstes émanant d’individus prêts à saluer « ceux qui vont mourir » plutôt que de courir euxmêmes ce risque. Le frémissement qui agitait la foule sous les yeux du roi, c’était au contraire l’élan d’hommes qui se consi déreraient comme déshonorés s’ils se trou vaient exclus de la mêlée. Quand, au len demain du vote d’une loi aussi lourde que celle du service de trois ans, un pays l’ac cepte avec cette exaltation, on peut faire fonds sur lui. Les souverains anglais emporteront de Paris l’impression non plus de la cordialité de toutes les classes sociales, mais de leur amitié active. Et de plus, ils penseront dans leur for intérieur que le Français n’est pas le plus mauvais soldat que l'on puisse avoir sur le continent. # # * Il est banal de constater que, dans les élections de dimanche, le régime républi cain n’a pas été discuté. C’est donc parler pour ne rien dire que de signaler à tout propos, en cours de législature, le péril réactionnaire. Nous aurons donc une Chambre répu blicaine, une Chambre foncièrement atta chée aux principes de laïcité, comme étaient les précédentes Assemblées. Nous aurons une Chambre où la majorité en faveur de la réforme électorale se trouvera accrue dans des proportions très notables. Bien que la réélection de M. Caillaux soit, en quelque sorte, l’apothéose ou — comme on disait naguère en langage familier, — le comble du scrutin d’arrondissement, c’est-à dire du mode de votation qui fait passer les intérêts privés avant les intérêts publics, les questions de clocher avant les questions nationales, il est certain que la réforme électorale se posera devant la...

À propos

En 1841, Le Petit Courrier de Bar-sur-Seine prend temps la suite de la Feuille d'affiches, petite gazette spécialisée dans les annonces et les avis divers du village de Bar-sur-Seine, dans l'Aube. Devenu titre hebdomadaire – puis bihebdomadaire à partide de 1885 –, le journal disparaîtra en 1916.

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