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Le Petit Courrier, 5 mars 1915

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Le Petit Courrier
5 mars 1915


Extrait du journal

Depuis que nous sommes en guerre, une transformation profonde^ semble s’être opérée chez ceux-là même qui se montraient le plus férocement égoïstes et dont l’individualisme étroit défiait insolemment, quiconque essayait de réagir contre leur mentalité désastreuse : on peut dire que, sauf des exceptions négligeables, tous les citoyens ont su d'un seul coup, élever leur esprit à la conception de l’intérêt général. Combien, en effet, parmiles les milliers do braves gens que la mobilisation a enlevés à ta charrue ou a 1 atelier, affirment dans un langage plus émouvant en sa simplicité que Ja plus grande éloquence, leur volonté de tout subordonner à la défense du pays Voici le passage d’une lettre qui traduit d une façon admirable cette noble pensée : « Dans le cas où je pourrais avoir besoin de votre appui, j’espère que vous ne me le refuserez pas, car, ayant un enfant blessé et prisonnier de guerre avec quatre autres en bas âge, ma situation est bien digne d’intérêt. Mais « tout lest subordonné à la défense nationale. et avant tout, il faut, chasser l’ennemi de chez nous ». « Vive la France, vive la République. » Celuilà est un réserviste de l’armée territoriale sur le front depuis le début des hostilités. Cinq enfants dont un blessé et prisonnier ! il pourrait récriminer et s'en prendre aux jeunes qui sont, dans les dépôts ou à ceux qui ne sont nulle part : mais il voit plus haut et pour lui. tout disparaît devant ce devoir supérieur : chasser l’ennemi du sol de la patrie. Avec de tels hommes. et ils sont légion, il n’y a plus^à douter que l’effort de la nation tout entière se poursuive, sans la moindre défaillance jusqu'à ce que ce résultat boit obtenu. Mais quand le territoire mira été libéré, lorsque le moment sera venu de tirer profit de la victoire et qui! i! s’agira non plus de donner sa vie et celle de ses enfants, mais, suivant une formule déjà employée, d’organiser la paix, de rendre à la France toute sa vitalité et de lui assurer en Europe une place digne d’elle, entendrons-nous d’aussi belles paroles ? Aura-t-on été patriote seule-, ment pendant la guerre et le patriotisme ne survivra-t-il pas à la conclusion de la paix ? Ces hommes courageux, qui ont, poussé jusqu'à l'héroïsme le désintéressement et fait montre de tant de grandeur d’âme perdront-ils la notion de l’intérêt public qu'ils aperçoivent si clairement à cette heure ?...
Le Petit Courrier (1883-1944)

À propos

Le Petit Courrier, organe de l'Appel au peuple pour le département de Maine-et-Loire, est un quotidien régional édité dans les alentours d’Angers. Il est considéré, de sa création en juin 1883 à sa disparition en août 1944, comme le journal le plus distribué de Maine-et-Loire, et le plus riche en informations locales. Après la Libération, il sera poursuivi sous le titre du Courrier de l’Ouest, encore existant.

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