Extrait du journal

Madame votre mère avait-elle des amis dans la grande ville ? • — Non monsieur... — Elle-en était partie depuis longtemps déjà, et je crois bien qu'elle n'y connaissait plus personne... — Comptez-vous aller à Paris, vous, made moiselle ?. .. — Hélas ! monsieur^ — murmura tristement la jeune fille, — comment, à cette heure, pourrais-je former un projet quelconque?... J'irai où je trouverai du travail... Je commen cerai par en chercher à Joigny... Il me plairait de rester ici pourêtre près de la tombe de ma mère..de cette façon nous serons moins sé parées. . En disant ce qui précède Marthe ne put •dompter sa poignante émotion, et de grosses: larmes coulèrent sur ses joues. —: Voyons, mademoiselle... voyons, chère enfant, — fit vivement- Jacques Lagarde, — du calme-, je yous en supplie !... — il ne faut pas sans cessé regarder en arrière et vous im mobiliser dans le passé ... :—Songez à vous, ,à l'avenir. . . et écoutez-moi. .T" . Marthe essuya ses larmes. Jacques poursuivit : — Quel âge avez-vous? — Dix-neuf ans... — C'est un -âge où les dangers naissent à chaque pas devant une jeune fille isolée dans le monde,, surtout quand cette jeune fille est belle comme vous. .. La noblesse de votre âme, la rectitude de votre esprit; vous per mettront; je n'en doute pas, d'éviter les pièges tendus pour vous prendre, mais enfin, j'aime rais vous voir certaine de trouver un emploi... — La concurrence les rend si rares par le temps qui court... On se les dispute avec l'a charnement de chiens affamés s'entre-dévorant sur un os ! — C'est la bataille pour la ' vie !... — Le!» villes de province offrent peu de-ressources. .Les portes restent closes...