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Le Petit Journal, 2 septembre 1937

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Le Petit Journal
2 septembre 1937


Extrait du journal

CE journal, où j'écris, vaut par la qualité de ses lecteurs, par une certaine bonne volonté qui leur est commune, par une passion du bien-faire qu'ils étendent natu rellement du métier particulier, dont chacun d'eux à seul la charge, au gouvernement de la cité, qu'ils ne peuvent que confier. Passion du bien-faire qui, comme toute passion, les expose, dans la mesure même de la confiance qu'elle tient prête. — C'est une rare fortune pour un écrivain qu'une telle confiance lui soit offerte, pour ainsi dire par avance." En moi l'éditeur devait singulièrement l'apprécier, sachant ce qu'il en coûte quand il faut la gagner; Mais, pour mon compte (car on ne peut engager que soi-même) je me suis gravement dit : « Cette confiance, il importerait de ne point la décevoir ». ♦ ** Les écrivains ne sont pas accoutumés de donner aux Jour naux le meilleur d'eux-mêmes. Ce meilleur, ils le réservent à leur œuvre, c'est-à-dire aux ouvrages qu'ils publient. Pour un ri-and nombre, il en va même de leurs articles comme de leurs conversations : une sorte de tout-venant fait l'affaire. Ils ne s'y donnent pas. Un mot de leur langage familier trahit d'ailleurs leur manière. Ils appellent ce qu'ils livrent ainsi : « de la copie », entendant sans doute qu'ils se copient eux-mêmes à l'usage d'un public qui s'en contente. On sent bien que je parle là plutôt des faiseurs de livres que des écrivains ; et l'on sait que je ne confonds pas les uns et les autres. Pour les premiers, le journalisme n'est que besogne, pur gagne-pain, une façon d'étendre le profit qu'ils retirent de leurs ouvrages, ou simplement, de l'attendre. Quant aux écrivains véritables, ils connaissent le prix de leur quotidien, pour eux et pour les autres. Ils savent que les choses qui sont chaque jour éprouvées ne peuvent pas toutes passer à l'œuvre. Et surtout, nul d'entre eux n'ayant la prétention de discerner en soi-même ce qui est le meilleur, ils redoutent que ce meil leur soit perdu, du seul fait qu'ils doivent choisir. Aussi quel que chose de l'ordre du journal répond-il au besoin de tous les écrivains sincères.- De là tous ces journaux intimes que la postérité recueillit. De là ces correspondances où les plus grands, dans la suite des Lettres, proprement se déchargèrent de leur quotidien. Aujourd'hui, le journalisme leur-permet de s'en libérer, dans l'imparfait et dans la grâce du premier jet. Comment ces écrivains sincères, tel un Mauriac, venu au journalisme par un pur besoin de cette forme d'expression, n'auraient-ils pas pour le public tout prêt, qui ainsi recueille le plus spontané d'eux-mêmes, une - gratitude et . des égards quo ne-connaissent 'pas les autres £...

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

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