Extrait du journal

lorsqu'il rentre seul, ennuyé, malheureux et éprouvé, au logis solitaire où nu} ne l'attend et ne l'aime ? ■ — Taisez-vous ! enjôleuse. Vous me tentez, je vous adore, et mon cœur saigne déjà de vous quitter. ■ — Alors, exaucez ma prière. Il sè raidit, et avec une flamme dans ses yeux bleus, subitement assombris : — Accepter votre sacrifice, dit-il, serait de ma part une lâcheté et une preuve de fai blesse. N'insistez pas, Blanche; vous êtes la seule affection, la seule tendresse de ma vie ; me sépàref dé vous me brise l'âme, et cepen dant je le ferai, parce que je le dois. Elle baissa tristement la tète sachant bien, qu'avec lui, quand la voix austère du devoir et de la raison parlait, insister était:inutile. Mais à la subite et profonde expression de mélancolie qui s'étendit comme un voile sur la douce physionomie de sa fiancée, Jacçjues sentit son cœur se serrer. — Ne souffrez pas, Blanche, dit-il, mon absence sera.courte.. — Combien ? demanda-t-elle. • — Quatre années. Vous avez dix-sept ans, moi vingt-deux, dans quatre ans nous nous marierons. — Et, si vous n'avez pas réussi ? .. — Nous nous marierons quand même. , Elle tomba dans ses bras. . — Je suis consolée, dit-elle, pendant qu'il baisait ses longues paupières brunes, je serai forte, vous pouvez partir. Le jour même, le comte de Rhodes se ren dit chez son voisin de campagne, M. Victor Dépassé. . , On racontait dans le pays qu'entré petit commis chez son prédécesseur, Dépassé, par son activité, son intelligence, son esprit d'or dre et d'économie avait peu à peu monté en grade, année par année, et mois par mois...