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Le Petit Journal, 3 octobre 1888

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Le Petit Journal
3 octobre 1888


Extrait du journal

Il suit de là une situation très curieuse. Responsable de l'ordre public, le préfet ne commande pas directement un seul agent. Les officiers de paix, qui ont les briga des dans la main , ne communiquent .avec lui que par l'organe du chef de la police municipale » à qui ils adressent leurs rapports. D'autre part, le préfet peut bien donner sans intermédiaire des ordres aux com missaires de police, mais ceux-ci n'ont pas un seul homme de police active à leur disposition, et, s'ils la veulent, ils doivent eux aussi en demander au chef de la police municipale. En un mot, de quelque côté qu'il se tourne et retourne, le préfet de police est borné par les limites de la police munici pale qui l'enserrent de toutes parts. En réalité, chargé d'une responsabilité énorme, le préfet de police est une tête qui conçoit, mais sans bras ni jambes. C'est un autre que lui qui tient la clef du réservoir des forces agissantes de la po lice. Fonctionnaire responsable, il ne dis pose pas de la liberté d'action et de l'ini tiative de direction qui devraient être les corollaires de la responsabilité. Certes, tous les préfets de police, hom mes de la plus grande distinction et de la plus absolue droiture, ont pu croire que durant leurs fonctions ils étaient les maîtres sans conteste. • C'est honneur à eux de n'avoir jamais reculé devant leur écrasante responsabi lité, mais une fois hors du bâtiment nous ne croyons pas nous aventurer beaucoup en affirmant qu'ils ont rêvé une autre distribution des services qui aurait laissé plus de jeu à leurs efforts personnels. Le préfet de police n'ayant donc à sa disposition immédiate qu'un seul orga nisme, le contrôle général, créé par un décret du 17 septembre 1854, aux termes duquel il exerce son action sur les servi ces de la police municipale et sur les au tres services extérieurs de la préfecture, il est tout naturel qu'on étende ce con trôle à toute la France, en réunissant à la préfecture de police de Paris les ser vices de-la sûrèté générale. Le contrôle général est sans conteste l'un des plus importants services de lu préfecture de police par la variété, la multiplicité, la délicatesse des opéra tions dont il est chargé. Les agents sont choisis parmi les plus intelligents, les plus actifs, les plus experts. Nous y reviendrons à l'occasion pour faire connaître son fonctionnement. THOMAS GRIMM....

À propos

Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.

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