Extrait du journal

tomber celui çue. tu: m'as donné tout à l'heure. — Voici, mon chéri, mais où astù laissé tomber l'autre? —Dans mon café. » Mlle- Lîli est surprise par sa maman; elle vient de dérober des confitures, et elle en a la figuré, les mains toutes bar bouillées. — « Que dirais-tu, ma fille, si tu me voyais ainsi?—Je dirais que tu as bien de la chance. » , *** . Les enfants terribles! Ils le sont tous plus ou moins, et comment ne le seraientils pas un peu? Le tact, la politesse so ciale s'apprennent si lentement 1 Et même tant de grandes personnes ne l'ap prennent jamais, se conduisent toute leur vie comme des enfants terribles ! « — N'est-ce pas que tu as beaucoup d'argent, mon parrain? — Mais non, mon petit. Qui peut te faire croire? — C'est que maman m'a dit : Ton parrain, un riche crétin ! » i ' Mlle Pipette, une jeune Bordelaise de dix ans fort éveillée, est conduite au spec tacle par ses parents qui ont laissé au logis les deux grandes sœurs : « Pipette ne comprendra, pas », raisonnaient-ils.Pipette suit le spectacle avec beaucoup d'attention : on l'a mise sur le- devant de la loge; mais voilà que pendant, une scène où il y a une situation un peurisquée, elle se retourne vers sa famille et. gravement : « Vous avez joliment bien ïaitde ne pas amener mes sœurs. » Mlle de L ..., à sa mère qui se trouve mal : « Maman, maman, je t'en supplie, ne meurs pas pendant que les domesti qués dînent!» Mlle P..., âgée de quatorze ans, sou-, pire après l'année heureuse où elle fera son entrée dans le monde. Un évêque, 3ui dîne chez ses parents, entreprend e la consoler, de lui remontrer que le monde n'est pas le paradis qu'elle çroit, qu'il s'y mêle bien des tristesses : « On en revient, mon enfant, croyez-moi ! — Oh oui I Monseigneur, à cinq heures du matin ! » Le diable, dans certain dialogue, se pique d'être aussi logicien. Les enfants sont la logique même, et leur logique a des. raisons que la raison ne connaît pas toujours. Bébé taquine un canard qui fuit ef faré devant ses cris. « — Bébé, il ne faut pas faire de mal aux animaux. Alors, pourquoi qu'on les mange ? » « — Alors, maman, du haut du ciel le bon Dieu. voit tout ce qu'on fait sur la terre? — Mais certainement. — Même quand U y a dù brouillard ? » « — Ne crois pas, mon enfant, tous les compliments qu'on t'adresse ; les compli menteurs n'en croient pas un mot. — Alors pourquoi ne les appeller-t-on pas des compli-mensonges ? » Charles R..., voyageant en chemin de fer pour la première fois, pose une foule de questions à sa tante. Celle-ci finit par être ennuyée et l'envoie promener. Char les réfléchit un moment et dit: — Si, quand tu étais petite, on t'avait répondu comme ça quand tu voulais savoir, tu serais bête. »■ Alfred R..., âgé de neuf ans, veut épouser Mlle Yvonne qui en a vingt-deux. On lui fait observer que ce ne sera pas possible. —- « Oh si ! Elle ne grandira puis, et je la rattraperai. » - *** Traits de profondeur et de mélancolie : On m'a cité une fillette de treize ans qui, se sentant près de mourir, préparait elle-même les lettres de faire part de sa mort afin, disait-elle, « que sa mère eût moins de peine. » Et cette petite fille d'un charbonnier parisien qui exprime le désir qu'on la dé barbouille pour le paradis ! Et cette autre enfant qui souffrait tout bas, sans se plaindre, de se sentir moins aimée que sa sœur aînée. Elle adorait sa mère, la sœur se laissait aimer ; la mère tombe malade, Cendrillon entre douce ment pour lui apporter une potion. « C'est toi, ma fille, interroge la malade ? — Non, maman, c'est moi, » répond Cen drillon. Les , enfants ont leur diplomatie qui...