Extrait du journal

Il y a cinquante-quatre ans, le tsar de .toutes- les Rusai as visitait Paris., Comme il entrait ail Palais-de . Justice; au milieu des acclamations, un jeune avocat lui lança à la figure ce cri inattendu : — Vive la Pologne, Monsieur ! Gela parut une boutade. On discuta à perte de vue sur le « Monsieur » qui ter minait l'apostrophe. .JJ'était-ce pas une goujaterie inutile ? Cela ajoutait-il à la valeur du cri, cela le rendait-il ridicule ? Mais personne ne songea un instant que ce cri pût'servir à autre chose qu'à la fortune de son auteur, Charles Floquet. En effet, celui-ci eut le temps, grâce à ce cri, de devenir conseiller municipal, président du conseil municipal, préfet de la Seine, président de la Chambre, prési dent du Conseil, de mourir, d'avoir une statue et... d'être ouiblié, sans que rien n'indiquât que jamais son cri pût devenir l'expression d'un fait. Et maintenant, il n'y a plus de tsar, il n'y. a plus de Russie, mais la Pologne vit et tout fait espérer qu'elle" vivra long temps ! Ceci vaut qu'on se prenne la tête dans les mains pour méditer sur les,prodiges de l'Histoire., Ainsi donc, tout arrive, il 'ne faut jamais désespérer de rien, ce qui semblait impossible se fait, l'erreur d'hier est la vérité d'aujourd'hui I etc.,'etc. L'ennuyeux, c'est qu'il faut parfois at tendre longtemps, et même qu'on ne vit pas toujours assez pour voir ce qu'on vou drait voir, Mais, tant pis !. On le voit peut-être de l'autre côté. Et il y ,