Extrait du journal
Une lectrice de province, qui s'intéresse au mouvement en faveur de l'électorat des fem mes, me demande là-dessus mon opinion. Mon opinion, madame, je crois bien l'avoir dite ici déjà, mais je suis, tout prêt à la re dire... Je trouvé absolument illogique, injuste et immoral qu'en matière municipale les fem mes qui paient des impôts directs et qui sont inscrites au rôle des patentes, les femmes qui dirigent des maisons de commerce et ont, de ce fait, tout droit de se préoccuper de la bonne marche des affaires communales — je trouve, dis-je, illogique, injuste et immoral que ces femmes-là n'aient pas voix au chapitre..., N'est-il pas inouï de penser que des vau riens, des paresseux, des traîneurs de fortifs peuvent nommer leur conseiller municipal, et qu'une femme comme Mme Boucicaut, par exemple, n'ait jamais eu pareil droit ?... Voilà le point sur lequel devraient insister les féministes... Voilà l'argument qu'elles de vraient exploiter, répandre et développer sans cesse, si elles veulent triompher par les seules voies possibles : celles du bon sens. Cela vaudrait mieux, à coup sûr, que ces manifestations tumultueuses, ces irruptions dans les salles de vote, ces assauts contre les ùrnes. Les femmes qui se livrent à ces jeux de suffragettes font le plus grand tort à la cause qu'elles s'imaginent défendre et qu'elles sont .en train de compromettre. Une d'elles l'autre jour se plaignait amère ment de voir qu'en certains Etats d'Amérique, en Australie, en Finlande, les femmes sont appelées à donner leur avis sur les affaires du pays, tandis que chez nous, dans1 la patrie de/la Révolution, l'idée d'accorder le vote aux femmes n'était prise au sérieux à peu près par personne, et semblait appartenir au do maine du vaudeville. Eh bien, madame, à qui la faute, sinon à celles qui jettent le ridicule sur la meilleure des causes ?... En Angleterre, les suffragettes se sont aliéné par leurs excès une foule de personnes qui n'étaient point opposées aupa ravant à l'égalité politique des deux sexes... Il en adviendra de même chez nous, si les femmes qui veulent le bulletin de vote se montrent incapables de l'obtenir autrement que par des violences et des excentricités. Jean Lecoq. ■ ; ■- » (Voir à la 2" page les derniers résul tats des. élections municipales dans la banlieue 0 dans les départements)....
À propos
Fondé en 1863 par Moïse Polydore Millaud, Le Petit Journal était un quotidien parisien républicain et conservateur parmi les plus populaires sous la troisième République. Le journal jouit vite d’un succès commercial sans précédent, renforcé par la publication de divers suppléments, parmi lesquels son célèbre « supplément du dimanche » ou encore Le Petit Journal illustré. La publication s’achève à l’orée de l’année 1944.
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